Homélie pour la nuit de Noël, 24 décembre 2023

Is 9, 1-6
Tt 2, 11-14
Lc 2, 1-14

« Voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple. » Cette parole angélique vient de retentir à nos oreilles au cœur de la nuit, de la même manière qu’elle a tiré de leur sommeil les bergers de Bethléem, qui dormaient à la belle étoile près de leurs bêtes. C’est la nuit pour eux comme pour nous. Au sens propre d’abord, parce qu’à l’heure qu’il est, le soleil se trouve à environ 150 millions de kilomètres sous nos pieds. Mais au sens figuré aussi, c’est la nuit. Notre monde déchiré par des guerres qui n’en finissent pas et qui ressurgissent de toute part, ressemble fort à ce « peuple qui marchait dans les ténèbres » évoqué dans la lecture du prophète Isaïe. Eh bien, au cœur de notre nuit, le Seigneur envoie son ange pour nous avertir que celle-ci n’aura pas le dernier mot. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi ». Ce message d’espérance fait notre joie ! Une grande joie pour tout le peuple ! « Les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés […]. La paix sera sans fin » car l’enfant qui vient de naître s’appelle Prince-de-la-Paix.

« Sur son épaule est le signe du pouvoir. » Quel est ce signe qui nous permettra de le reconnaître et de le suivre ? L’ange nous l’indique : « voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » Le signe du pouvoir qui s’étendra sur l’univers pour lui donner la paix n’a rien de brillant aux yeux des hommes. Ce n’est pas un étendard que l’on brandit avec fierté pour montrer sa domination de manière arrogante. Ce signe est celui d’un nouveau-né, faible et fragile, dépendant entièrement de ses parents, se laissant mener à leur gré, à droite ou à gauche. Les langes dont il est emmailloté évoquent le linceul qui l’enveloppera trente-trois ans plus tard. Et la mangeoire qui lui sert de berceau indique qu’il se fait notre nourriture.

Le signe qui nous est donné cette nuit, c’est celui de l’Eucharistie. Le Fils de Dieu s’est fait tout-petit. Il s’est anéanti lui-même pour se donner à nous. En communiant à son Corps et à son Sang, nous sommes transformés en lui. Nous sommes appelés à devenir nous-mêmes des signes de ce pouvoir pacificateur qui s’étend à travers l’humilité. Alors Dieu sera glorifié au plus des cieux et aux hommes sera donnée la paix. Amen.

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