Homélie pour la solennité de l'Ascension 2021

« Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel », écrit saint Marc. Ce n’est pas la première fois que Jésus est ôté au regard de ceux qui l’accompagnent sur terre. L’évangile nous rapporte que enfant déjà, il fut enlevé au regard de ses parents qui le retrouvèrent au Temple au milieu des docteurs. Durant sa vie publique, les foules se mettront à chercher Jésus qui leur aura échappé. Les disciples eux-mêmes le rechercheront, tandis qu’il est parti à l’écart pour prier, seul, la nuit. Tout récemment encore, les apôtres se voyaient privé de ce Jésus qu’ils suivaient depuis 3 années, car il venait de mourir et une telle panique s’était emparée d’eux qu’ils se barricadèrent par peur de Romains. Tout semblait leur avoir été enlevé, y compris l’espérance !


Cette fois-ci c’est différent. Aucune peur ne se laisse deviner chez les apôtres à la lecture des passages évangéliques relatant l’Ascension de Jésus-ressuscité. Tous semblent paisibles, hors de toute inquiétude. Pourtant le départ de Jésus les laisse en quelque sorte « sans provision » et même orphelins. Durant les trois années passées à écouter et suivre Jésus et à vivre à son école ils n’ont en effet pas pris de notes, pourrait-on dire. De Jésus, à cet instant, il ne leur reste rien. Rien que Marie, sa mère. C’est autour d’elle qu’ils vont se réunir pour attendre la venue de l’Esprit annoncé par Jésus. Ils demeurent silencieux, en prière avec cette ineffable femme de prière, intérieurement déjà toute enflammée de l’Esprit Saint, qu’est la sainte Vierge-Marie. Marie leur a été donnée pour Mère à travers la personne de Jean. D’une certaine manière, quelque chose de cette scène se reproduit aujourd’hui ; d’une part en ce mois de Marie où nous prions avec et autour de Marie. Et plus singulièrement en ce jour anniversaire de la fête de Notre Dame de Fatima. Nous nous rappelons qu’un 13 octobre 1917 le solaire vêtement de cette Vierge se mit à danser dans le ciel…


L’Esprit qui va venir sur es apôtres est pourtant déjà là, caché. C’est Lui, indéniablement, qui leur donne cette tranquillité, cette mystérieuse paix, malgré le départ de leur Maître. C’est Lui déjà qui les a conduits vers Jésus durant ces années passées avec lui. C’est Lui qui ouvre ainsi une nouvelle page, celle de l’absence visible de Jésus, toujours présent jusqu’à la fin du monde. Le texte évangélique illustre bien cette réalité comme il est écrit : « ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient ». Cette nouvelle page est donc aussi celle d’une certaine initiative humaine liée à ce retrait visible de Jésus. Dans le même sens le pape François écrit dans sa très belle Lettre apostolique Patris corde sur saint Joseph, ces lignes : « Si quelquefois Dieu semble ne pas nous aider, cela ne signifie pas qu’il nous a abandonnés, mais qu’il nous fait confiance, qu’il fait confiance en ce que nous pouvons projeter, inventer, trouver ». De la même manière, Jésus n’a pas abandonné ses disciples, pas plus que nous. Ils les laissent à eux-mêmes avec la force de l’Esprit Saint qui, bien que déjà là, leur sera donné en abondance. Et lui-même, Jésus favorisera ces initiatives propres aux nouveaux départs par les signes qui les accompagneront.


Veillons, nous aussi, avec Marie et sous sa protection, dans l’attente de cette sublime divine rosée céleste qu’est l’Esprit promis par Jésus. Marie comprend toutes nos misères, soulage toutes nos peines, accompagne toutes nos hésitations. Elle peut préparer nos cœurs à accueillir l’Esprit tel que Dieu le veut !


Maranatha ! Viens Esprit Saint ! Amen, alléluia !

+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur

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