Election du père abbé Jean-Vincent Giraud
Le 22 août, mémoire de la Vierge Marie Reine, les moines de l’abbaye Sainte-Anne de Kergonan, dans le diocèse de Vannes, ont élu comme abbé le père Jean-Vincent Giraud, membre de leur communauté. Le père abbé est né et a été baptisé au Mans, et a grandi à Metz et Poitiers. Ingénieur de formation, il est entré à l’abbaye en 2011, a prononcé ses voeux solennels en 2016, et a été ordonné prêtre cette année, en 2023.
Nous confions le père abbé et sa nouvelle charge à votre prière, ainsi que toute notre communauté.
Dom Jean-Vincent Giraud recevra la bénédiction abbatiale le samedi 28 octobre, au cours de la messe présidée par Mgr Centène, évêque de Vannes, à 14h30. Les prêtres désireux de venir concélébrer la messe sont priés de se signaler avant le 20 octobre à l’adresse : secretaire [@] kergonan.org
Le père abbé a choisi comme devise :
« Nos pariter Christus perducat ! »
Ces quatre mots sont tirés de la Règle de saint Benoît, au chapitre 72. Ce chapitre, qui a pour titre : Le bon zèle que doivent avoir les moines.
Dans la Règle, ces mots ne s’enchaînent pas exactement dans cet ordre-là, mais le sens, lui, est bien le même. Le nom du Christ est placé au centre, car c’est autour de lui que gravite toute notre vie monastique. C’est pour lui que nous sommes entrés au monastère. Si nous sommes ici, c’est parce qu’un jour, il est venu frapper à la porte de notre cœur, et nous lui avons dit « oui ». C’est Jésus que nous voulons suivre. Et l’abbé sait que, tout en étant appelé à guider vers Dieu le petit troupeau de Kergonan, il est lui-même une brebis en chemin, qui a besoin d’être conduite par le Christ. C’est pourquoi il s’inclut lui-même dans le « nos pariter ».
« Nos pariter » montre que nous sommes tous ensemble en route vers Dieu. Souvenons-nous de cette citation de dom Delatte : « On ne se sanctifie bien qu’en famille ». Dieu n’a pas créé les hommes pour qu’ils soient en communion avec lui sans se soucier de leurs frères. La communion divine à laquelle nous sommes appelés est une communion ecclésiale. L’amour infini que Dieu désire déverser dans nos cœurs doit se propager ensuite entre les hommes. Le Père a envoyé son Fils pour sauver chaque personne humaine. Jésus a versé son sang pour chacun d’entre nous afin que nous ne formions tous qu’une immense famille. Et il ne veut pas qu’un seul de ses petits soit perdu. Dans ce « nos pariter », nous percevons l’amour du bon Pasteur pour toutes ses brebis et pour chacune en particulier. Il veut nous conduire tous ensemble au bercail paternel. Et si une seule brebis manque à l’appel, il n’hésite pas à aller la chercher jusqu’à ce qu’il la retrouve. Il la porte sur ses épaules pour la ramener dans son troupeau.
On peut ajouter que ce qui n’est pas dit est peut-être ce qui est le plus important. En effet dans le texte de la Règle, entre les mots « pariter » et « perducat », on trouve l’expression « ad vitam aeternam ». Pour que la devise reste concise, elle remplace la destination de notre voyage par la personne qui nous guide. Mais on peut faire à ce sujet deux petites réflexions. Tout d’abord, si on y réfléchit bien, on peut considérer que le Christ, qui nous guide vers la vie éternelle, est en même temps le but de notre voyage. Il est le chemin, mais il est aussi la vérité et la vie. Il est lui-même cette vie éternelle en plénitude vers laquelle il nous conduit. Dans cette devise, la destination vers laquelle nous tendons n’a donc pas disparu complètement. Elle est cachée derrière le nom « Christus ». D’autre part, cet effacement des mots « vitam aeternam » dit aussi quelque chose de la réalité concrète de notre vie monastique. C’est bien la vie éternelle qui est la raison de notre présence au monastère. Et pourtant, dans l’humble réalité du quotidien, notre vie peut sembler bien terre-à-terre. La vie de la grâce qui demeure en nos cœurs aime à se tenir cachée, incarnée, dans un quotidien bien ordinaire. C’est le regard de la foi qui nous fait discerner dans nos occupations les plus ordinaires la trame sur laquelle Dieu opère des merveilles extraordinaires.
Enfin, à travers ces quelques mots,la devise renvoie au chapitre 72 tout entier. À la fin de sa règle, saint Benoît nous livre ce qu’il considère comme le plus important, un peu à la manière du vieux saint Jean qui, au soir de sa vie, répétait à ses disciples : « Petits enfants, aimez-vous les uns les autres ! ». Qu’ainsi, la charité soit véritablement la sève qui irrigue toute la vie de notre famille monastique.