Temps Ordinaire - Année B-II, 2024 - 19e semaine
Ez 18, 1-10.13b.30-32 & Mt 19, 13-15 - samedi 17 août
Ez 16, 1-15.60.63 & Mt 19, 3-12 - Vendredi 16 août
Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab & 1 Co 15, 20-27a & Lc 1, 39-56 - Jeudi 15 août - Assomption de la Vierge-Marie
« Nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste ». Ainsi s’exprima le pape Pie XII dans la constitution dogmatique Munificentissimus Deus1.
La créature qui est ici désignée, n’est pas seulement une femme et une vierge : c’est aussi une Mère ! Or la question peut se poser de découvrir comment a été réalisé en Marie cette maternité qui dure encore. Quomodo fiet istud2, déclare-t-elle à l’ange Gabriel, comme le récit de l’Annonciation l’indique en saint Luc. Oui : comment cela s’est-il fait ?
Les textes de la liturgie eux-mêmes attirent notre attention sur la maternité de Marie. Élisabeth dans l’évangile ne s’exclame-t-elle pas : « tu es bénie entre toutes les femmes avant d’ajouter : d’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Comment donc s’origine cette état de « Mère » en Marie ?
L’Écriture Sainte jointe à l’étude de quelques Pères de l’Église nous en offre une explication magistrale, ce qui est bien le jour !3 Jérôme écrit en effet au sujet de Marie cette chose tout à fait étonnante : « Vierge après l’enfantement, mère avant d’être épousée » (Mater ante nupta).
Le livre de la Genèse affirme de Dieu ceci : homme et femme il les créa4. Il s’agit de la traduction française qui pose un réel problème. Dans notre langue en effet le terme « femme » désigne autant le caractère sexué d’une personne, que le fait d’être épouse, comme le montre l’expression « mari et femme » présente jusque dans le rituel du mariage. Le texte original en langue hébraïque parle de « zacar » et de « nqénah », ce qui est grec est rendu par « arsèn » et « telus » et en latin par « masculus » et « femina ». En fait d’homme et de femme il s’agit plus précisément de mâle et de femelle. Comme on l’entend il n’est pas encore question de femme. Un peu plus loin nous apprenons que ce couple est désigné comme « ish » et « isha » (« compagne ? »), ou bien « andros » et « guné » ; le grec précise donc qu’il s’agit d’un homme et d’une femme. Le latin ajoute une nuance et parle de « vir » (mari) et « uxor » (épouse) 5. Il n’est donc toujours pas question de mère. Ce n’est qu’au chapitre 3e du même livre de la Genèse qu’apparaît le mot « mère » dans les trois langue simultanément6.
Ce dernier passage est tout à fait éclairant sur la signification de nom que donne Adam à sa compagne : il l’appela Ève car elle est la Mère de tous les vivants. L’hébreu rend ce que j’ai nommé plus haut « compagne » par « isha » et le grec par « gunè » (c’est à dire femme), tandis que le latin parle de « uxor » (épouse). Or au moment où Adam désigne ainsi sa compagne, fait remarquer Tertullien, Ève n’a pas encore enfantée. Elle est donc femme, épouse, et vierge. Et pourtant son nom s’inscrit déjà dans la réalité d’une maternité dont elle porte le nom comme la « Vivante ». Cependant la tradition grecque donne dans la bible au terme grec « gunè » le fait d’une femme épousée qui a enfanté, ce qui fait référence en latin à « mulier » dans la Vulgate.
Ainsi le message de l’ange Gabriel au moment de l’Annonciation, est éclairé du poids de ces sens croisés. Certains manuscrits grecs indiquent en effet que Gabriel s’est adressé à Marie d’une certaine manière qu’a conservé le texte de la Vulgate : « Ave Maria, Dominus tecum, benedicta tu in mulieribus »7, parole qui dans nos traductions modernes ne figurent plus que dans la bouche d’Élisabeth Tu es bénie entre toutes les femmes, ces femmes qui sont des « mulieres », c’est à dire des femmes ayant enfantées et devenue mères. L’ange lui-même ici déclare Marie non seulement vierge mais également mère, c’est à dire « mulier » alors qu’elle n’est pas encore « épousée » par l’Esprit Saint. Le même ange dira plus tard à Joseph de prendre chez lui son épouse (uxor). Les trois titres de vierge, épouse et mère sont donc réunis en Marie dès son entrée dans l’histoire de l’humanité.
Au pied de la Croix Jésus rendra cette vérité publique et la consacrera en déclarant devant Marie et Jean : Femme (mulier) voici ton fils ; fils, voici ta mère (mater).
Marie ne nous a donc pas été donnée « comme » Mère, mais elle nous a été donnée « Mère ». C’est pour ainsi dire une donnée ontologique chez elle. Marie est née « Mère » parce que ce serait sa mission, la mission qu’elle recevrait de son Fils pour le bien de l’humanité tout entière. En elle donc se réalise la plénitude de la maternité qui prend soin de tous ses enfants, non pas « comme » une Mère, mais en étant ce qu’elle est : Mère !
Mère et Vierge avant l’enfantement de Jésus,
Mère et Vierge pendant l’enfantement de Jésus,
Mère et Vierge après l’enfantement de Jésus.
Que dire de plus ?
Gloire à Dieu ! Oui, gloire à Dieu !!
Amen
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1https://www.vatican.va/content/pius-xii/la/apost_constitutions/documents/hf_p-xii_apc_19501101_munificentissimus-deus.html, § 44.
2Luc 1, 44 : « comment cela se fera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? »
3Il s’agit de Tertullien dans « le voile des vierges » et « la chair du Christ » et saint Jérôme « Lettre XLVIII, 21 » où se dernier écrit : « Vierge après l’enfantement, mère avant d’être épousée ».
4Genèse 1, 27.
5Genèse 2, 23 dans les trois langues.
6Genèse 3, 20.
7Luc 1, 28 dans la Vulgate.
Ez 9, 1-7 ; 10, 18-22 & Mt 18, 15-20 - Mercredi 14 août
Mary Healy, Guérir, comment offrir au monde la Miséricorde de Dieu.
Pour information, demain 15 août, l’homélie sera postée vers midi
Ez 2, 8 – 3, 4 & Mt 18, 1-5.10.12-14 - Mardi 13 août
Charles Péguy, Le Porche du Mystère de la deuxième vertu.
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