Homélie pour le dimanche 22 juin 2025

Chers frères et sœurs,

Le mois de juin est traditionnellement consacré à honorer le Sacré-Cœur de Jésus. En effet, ce mois comporte la célébration liturgique de ce Cœur, le 3e vendredi après la Pentecôte, c’est-à-dire vendredi prochain 27 juin. Le pape François, à la fin de son ministère, nous a laissé en héritage l’encyclique Dilexit nos, sur l’amour humain et divin dans le cœur de Jésus-Christ. C’est le bon moment pour en écouter quelques passages, et nourrir notre dévotion au Sacré-Cœur !

Dans les litanies du Sacré-Cœur, nous adorons le Cœur de Jésus, « uni substantiellement au Verbe de Dieu ». Pourquoi en effet adresser notre culte de dévotion, et même d’adoration à un cœur, organe central du corps humain ? C’est que ce cœur est le cœur humain d’une Personne Divine, Jésus, Fils de Dieu. « L’Église enseigne de manière constante et définitive que l’adoration que nous rendons à sa personne est unique et englobe inséparablement sa nature divine et sa nature humaine » (Dilexit nos, no 68). Pierre le confesse dans l’Évangile que nous venons d’entendre : Jésus est le Christ, le Messie de Dieu. Le concile de Nicée, premier concile de l’histoire de l’Église, célébré il y a 1700 ans, a précisément défini cette vérité : Jésus-Christ est le Fils de Dieu, consubstantiel au Père. À nous aussi, Jésus demande : « Pour vous, qui suis-je ? » Et il attend la réponse que l’Esprit-Saint révèle à notre cœur : Tu es le Fils de Dieu.

Le cœur est compris, dans de nombreuses cultures, comme le centre et le symbole de l’amour, de la décision, comme la synthèse de toute la personne, sensible et spirituelle. C’est à juste titre que nous contemplons dans le cœur de Jésus le centre et le symbole de l’amour pour son Père et pour nous, amour à la fois divin et humain. Le cœur de Jésus est ainsi le symbole et l’instrument, pour ainsi dire le sacrement, de l’amour du Fils de Dieu pour nous. « Le Fils éternel de Dieu, poursuit le pape François, a aussi voulu m’aimer avec un cœur humain. Ses sentiments humains deviennent le sacrement d’un amour infini et définitif. C’est le sens de l’invocation : « Cœur de Jésus, fournaise ardente de charité, ayez pitié de nous ». Le pape Pie XII avait déjà développé la considération des trois amours qui brûlent dans le cœur du Christ : amour divin, amour spirituel, et amour humain, tissé de toutes les affections et compassions d’un cœur humain.

Une autre invocation des litanies du Sacré-Cœur prie ainsi : Cœur de Jésus, source de vie et de sainteté, ayez pitié de nous. Dans la première lecture, nous avons entendu la prophétie de Zacharie : « Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure. » Dans le Christ, dans son côté et son cœur ouverts sur la croix, nous trouvons la source d’eau vive, qui nous lave de tous nos péchés. C’est la plus grande des grâces qui nous est offerte : le baptême dans lequel nous sommes unis au Christ, rendus semblables à Lui : nous avons revêtu le Christ. « Le côté transpercé est en même temps le siège de l’amour que Dieu porte à son peuple […] Dans le cœur transpercé du Christ se concentrent, inscrites dans la chair, toutes les expressions d’amour des Écritures. » (DN, no 99 et 101). En devenant semblables au Christ, nous devenons ses membres, et les différences entre nous sont dépassées, car nous ne faisons plus qu’un dans le Christ. Cœur de Jésus, roi et centre de tous les cœurs, ayez pitié de nous.

Dans l’Évangile, la confession de la divinité du Christ n’est pas la fin. Jésus révèle ensuite aux apôtres les souffrances futures de sa passion, puis il s’adresse à tous les disciples, donc à nous aussi. Il nous appelle à marcher à sa suite, à prendre notre croix, à perdre notre vie pour lui, et ainsi, recevoir le salut. En contemplant le Cœur du Christ, notre cœur devient progressivement semblable au sien, et nous faisons nôtres, par compassion, les souffrances de sa passion. Pour nous, elles sont comme dispersées, tout au long des jours de notre vie, si nous voulons bien les unir à celles du Christ.

Enfin, le pape François termine son encyclique en montrant que la contemplation du Cœur du Christ nous appelle à rendre amour pour amour. L’amour qui vibre dans le cœur du Christ résonne dans le nôtre, et nous appelle à aimer Dieu et nos frères. Le Pape François cite Origène : « L’union au Christ n’est pas destinée seulement à étancher notre propre soif, mais à devenir aussi une source d’eau fraîche pour les autres. Le Christ accomplit sa promesse en faisant jaillir de nous des torrents d’eau : ‘l’âme de l’homme, qui est à l’image de Dieu, peut avoir en soi et produire hors de soi des puits, des sources et des fleuves’ » (DN 173).

Pour que ces sources jaillissent, nous pouvons reprendre souvent cette simple prière : Jésus, doux et humble de cœur, rendez-mon cœur semblable au vôtre, Amen.

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