Homélie pour la présentation de Jésus au Temple, 2 février 2021
« Qu’ai-je donc fait au bon Dieu pour qu’il me comble ainsi de ses grâces ? » Cette phrase est simplement bouleversante ! Tant dans sa formulation que dans son contenu ! Elle a été écrite par une jeune carmélite le 8 mai 1888, un mois tout juste après son entrée au Carmel. L’élan d’un cœur capable de formuler une telle question, éclaire merveilleusement cette heureuse journée de la vie consacrée, instituée par le Pape saint Jean-Paul II, le 6 janvier 1997 (1).
Ce cri du cœur est tout d’abord le témoignage d’une reconnaissance infinie pour la grâce d’une vocation. Par extension, c’est aussi une immense action de grâce pour le don de la vie consacrée, don que Dieu a fait à son Église. Elle aussi –l’Église– pourrait bien s’exclamer : « qu’ai-je fais à mon Maître et Seigneur pour qu’il me comble ainsi de la grâce de la vie consacrée ? » Lorsque l’on a toujours connu une réalité, on ne mesure pas qu’elle soit un jour apparue ! Si bien que l’on ne songe tout simplement pas à rendre grâce, à témoigner reconnaissance pour un don que rien ni personne n’a jamais mérité ! Oui, Dieu a voulu que la vie consacrée soit, et elle fut !
Dans l’intuition de saint Jean-Paul II il s’agissait aussi de faire connaître la réalité de la vie consacrée, ou plutôt l’éventail des formes de vie consacrée. Aussi pouvons-nous rendre grâce à notre Dieu pour toutes ces formes de vie au service de sa Majesté, à travers la louange, le service des pauvres et des malades, le service de l’enseignement, de l’évangélisation, ou bien encore dans la solitude d’un ermitage connu de Dieu seul.
Cette journée vise encore à inviter les personnes consacrées à « célébrer les merveilles que le Seigneur a accomplies en elles ; elles sont conviées à réfléchir sur le don reçu, à découvrir, dans un regard de foi toujours plus pur, le rayonnement de la beauté divine diffusé par l’Esprit dans leur forme de vie, à prendre conscience de leur mission incomparable dans l’Église pour la vie du monde ». Il me semble que cette citation, extraite du message du Pape Jean-Paul II pour la première journée de la vie consacrée, se trouve admirablement condensée dans cette autre citation par laquelle j’ai ouvert cette homélie. Peut-être avez-vous reconnu la jeune sainte en question, que quelques mois plus tard, ce même Pape déclarerait docteur de l’Église dans la science de l’amour divin.
En rendant grâce pour cet inestimable don fait à l’Église, laissons résonner –au moins nous qui sommes consacrés à Dieu– dans notre cœur cette question : « Qu’ai-je donc fait au bon Dieu pour qu’il me comble ainsi de ses grâces ? »
Amen
+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur