Homélie pour le 3e dimanche de l'Avent 2021

Mes frères,
L’Avent est un temps de préparation et d’attente. Mais puisque nous attendons la venue du Christ
dans l’humilité de la chair, cette attente et la préparation nécessaire pour cette naissance, ne sont pas
dénuées de joie. Cette joie sera d’autant plus grande et vraie que la venue du Christ en notre chair et
en notre coeur aura été préparée avec soin et ferveur. Cette joie ne peut pas être que matérielle, mais
il lui faut être aussi et avant tout spirituelle.
Pour l’attente, le peuple juif en avait une longue expérience ; c’est le peuple de l’attente et de la
durée. Leur attente était déjà plusieurs fois millénaire. Pour la préparation, ils avaient eu la Loi et
les Prophètes. Autrement dit, de tous les peuples, le peuple juif était le seul à être apte à recevoir le
Christ, le Messie. Il sait qu’il viendra, mais ne sait ni quand, ni comment. C’est pourquoi, quand
saint Jean Baptiste se manifeste, les autorités religieuses de Jérusalem envoient des docteurs et des
scribes, des gens qui connaissaient la Loi et qui étaient à même de juger de ces choses. Laissons de
côté les questions tatillonnes et répétées des pharisiens pour nous attacher comme Jean à la lumière.
Saint Jean Baptiste était envoyé par Dieu pour montrer la grandeur incompréhensible de sa
miséricorde envers les hommes et afin que ceux-ci, étant incapables de s’approcher de la lumière à
cause de leurs ténèbres que cette divine lumière n’admet jamais en sa présence, ils pussent
cependant acquérir la certitude par le témoignage de saint Jean Baptiste que la lumière était au
milieu d’eux. Jean n’était pas la lumière, et ainsi pouvait être plus facilement aperçu et reconnu pour
ce qu’il était que la lumière elle-même.
Ainsi, saint Jean Baptiste n’était qu’un homme de témoignage ; il était placé entre l’ancien et le
nouveau Testament pour montrer celui dont la venue avait été prédite par les prophètes, afin que
ceux de son peuple, qui étaient dans les ténèbres, pussent voir, comprendre et croire. Et comme
avant saint Jean Baptiste, tous les juifs devaient croire par les prophètes ; de même, le moment de la
venue de la lumière étant arrivé, tous ne devaient croire que par Jean. Aussi les apôtres les plus
intimes avec Notre Seigneur ont commencé à croire par saint Jean Baptiste. Ce fut une
prédestination grande et admirable sur saint Jean Baptiste, que tout le peuple juif ne devait arriver à
la lumière que par lui ; il était comme un pont par lequel on passait de l’Ancien au Nouveau
Testament. Bien que pont, il appartient encore à l’Ancienne Alliance car ses actions sont de l’ordre
de la figure, non de l’accomplissement. Lui baptise dans l’eau, mais le Christ baptisera dans le feu et
l’Esprit Saint.
Accueillons donc la lumière dans notre esprit et notre coeur afin qu’illuminés d’en haut par la
lumière divine, nous portions des fruits de joie et d’humilité à l’exemple de saint Jean Baptiste.
De joie, car l’ami de l’époux se réjouit à la voix de l’époux. Et d’humilité, car il faut qu’il croisse, et
que je diminue. Cela lui fait dire qu’il n’est pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Le
terme « dénouer la courroie de ses sandales » signifie : le soulager dans sa course apostolique, comme
le dernier domestique le fait à un maître quand il revient de voyage ; il lui ouvre ses sandales pour
qu’il se délasse. Mais saint Jean Baptiste ne peut plus rendre à Jésus le moindre service ; il se trouve
indigne de le servir dans l’apostolat.
Par opposition, la tristesse n’est pas selon Dieu car Dieu est joie ; et même lorsqu’Il permet
l’épreuve, il entend nous communiquer cette joie par la voie douloureuse. Ceci est bien signifié
aujourd’hui par la couleur rose des ornements liturgiques. Se retrouvent en elle, le violet de la
pénitence de l’Avent et le blanc de la joie de Noël. La grande joie de Dieu, c’est de se donner, parce
qu’Il est Charité. Nous entrons dans cette joie en croyant à cet Amour, et c’est la foi qui nous met en
contact avec Lui et qui Lui permet de se donner. La joie qu’éprouvait saint Jean Baptiste dans un
tressaillement tout spirituel, combien plus nous devons l’éprouver, nous qui avons la pleine
révélation de la divinité du Christ, notre sauveur. Et cette joie, personne ne pourra nous l’enlever car
nous nous réjouissons dans le Seigneur, comme le dit le chant d’entrée : « Soyez dans la joie du
Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ».
Amen.

frère Yves-Marie François +

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