Homélie pour la fête de l'Ascension, 29 mai 2025

L’Ascension, source de notre espérance

Deuxième mystère glorieux : l’Ascension. Fruit du mystère : l’espérance. La fréquentation du Rosaire nous rappelle le lien étroit qui existe entre la deuxième vertu théologale et la solennité de ce jour. En cette année jubilaire consacrée à l’espérance, il est bon, frères et sœurs, de nous pencher avec attention sur les lectures de la fête de l’Ascension pour écouter ce qu’elles ont à nous dire au sujet de cette vertu. L’espérance suppose une absence, elle s’appuie sur une promesse et nous oriente vers le ciel.

La première lecture nous apprend qu’après sa résurrection d’entre les morts, Jésus s’est montré vivant à ses disciples. « Pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. » Quelle joie n’ont-ils pas éprouvée durant cette heureuse quarantaine, en retrouvant leur maître et leur ami, qu’ils avaient cru définitivement perdu ! Ils se réjouissaient régulièrement de pique-niquer autour de lui. Ils l’écoutaient avec délices. Mais voilà : il y eut un quarante-et-unième jour. Et à partir de ce jour-là, il leur a fallu continuer à avancer sans jouir de la présence visible de Jésus, à laquelle ils s’étaient bien habitués. Car au jour de l’Ascension, nous dit l’évangile, « il se sépara d’eux ». Et la première lecture décrit la scène ainsi : « Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. » Le Seigneur Jésus, qui faisait tout leur bonheur sur la terre, disparaît aux regards de ses disciples pour les faire entrer dans le temps de l’espérance. Car l’espérance suppose une absence. « Voir ce qu’on espère, écrit saint Paul aux Romains, ce n’est plus espérer : ce que l’on voit, comment peut-on l’espérer encore ? Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. » (Rm 8, 24-25). L’absence liée à l’espérance n’est pas quelque chose de vide. Elle est comblée par une attente.

En quittant ses disciples, Jésus ne les a pas abandonnés à leur triste sort. Il leur a demandé d’« attendre que s’accomplisse la promesse du Père ». Les textes de ce jour nous parlent tous d’une promesse. Avec les apôtres, nous sommes appelés à attendre avec confiance la réalisation de ce que Dieu nous a promis. La promesse du Père, c’est d’abord le don du Saint-Esprit. « Cette promesse, affirme Jésus dans la première lecture, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Et dans l’évangile, il déclare : « Je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. » Cette première promesse allait trouver sa réalisation dix jours plus tard, le jour de la Pentecôte, lorsque les apôtres ont reçu la grâce de l’Esprit Saint pour témoigner de la Résurrection à toutes les nations, et leur annoncer une nouvelle promesse. C’est ce qu’enseigne Pierre à ses auditeurs : « La promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, aussi nombreux que le Seigneur notre Dieu les appellera. » (Ac 2, 39). La lecture de l’épître aux Hébreux nous décrit cette promesse faite à tous les hommes. « Le Christ, avons-nous entendu, n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même. » Et l’auteur poursuit en écrivant : « Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus. » Et il conclut : « Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. » L’espérance ne déçoit pas car elle est fondée sur la parole de Dieu lui-même. Et Dieu tient toujours ses promesses. L’accomplissement de ce qu’il nous a promis est donc une certitude.

L’objet de notre espérance, quant à lui, se situe dans le ciel. C’est en s’élevant dans une nuée que Jésus disparaît aux yeux de ses disciples. Il attire ainsi leur regard vers les réalités célestes. Et l’épître aux Hébreux, que nous venons de citer, le rappelle clairement : « Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même. » Le véritable sanctuaire auquel nous avons désormais accès est donc le ciel même, là où se tient Jésus, devant la face de Dieu. Oui, nous aussi, avec le Christ, nous contemplerons Dieu face à face !

Frères et sœurs, les lectures de ce jour nous indiquent que l’espérance suppose une absence, qu’elle s’appuie sur une promesse et qu’elle nous oriente vers le ciel. Nous qui sommes encore en pèlerinage sur la terre, nous cheminons dans la foi. Nous ne jouissons pas encore de la présence visible du Seigneur. Mais dans cette absence, nous avons la certitude que le Christ, dans sa mort et sa résurrection, nous a ouvert l’accès auprès du Père. Il nous l’a promis et nous attend maintenant au ciel, où il nous a préparé une place. Et en gage de cette promesse, il nous a laissé l’Eucharistie, afin de nous faire participer dès ici-bas, dans l’espérance, à sa mort, à sa résurrection et à son ascension auprès du Père. Oui, dès aujourd’hui, notre cœur est tourné vers le ciel où, nous le savons, nous contemplerons un jour, avec tous les bienheureux, la face du Dieu trois fois saint. Amen.

Homélie pour la Pentecôte, 8 juin 2025

L’Esprit Saint fait de nous la demeure de Dieu

« Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. » En cette solennité de la Pentecôte, frères et sœurs, nous célébrons le don du Saint-Esprit, que Jésus avait annoncé à ses disciples quelques heures avant sa passion. Ce Défenseur envoyé d’auprès du Père, leur avait-il confié, serait pour toujours avec eux.

Le verset qui vient juste après dans le texte de Jean n’a pas été retenu dans la péricope évangélique que nous venons d’entendre, mais il apporte des précisions sur la venue de ce Paraclet : « l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous » (Jn 14, 17). L’Esprit Saint ne peut pas être donné au monde, mais seulement aux disciples. Et il habitera en eux. En eux il établira sa demeure. L’inhabitation de l’Esprit Paraclet constitue donc la marque caractéristique des disciples du Christ.

C’est aussi ce que nous dit saint Paul, dans la deuxième lecture : « vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous ». Les disciples du Christ sont habités par l’Esprit Saint. Et non seulement par l’Esprit Saint, mais encore par le Père et le Fils, comme en témoigne Jésus : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » Par le don de l’Esprit, nous sommes appelés à devenir la demeure des trois personnes divines.

Frères et sœurs, Dieu a sa demeure dans les cieux. Le psalmiste en témoigne lorsqu’il affirme : « Vers toi j’ai les yeux levés, vers toi qui es au ciel. » (Ps 122, 1). Et lors de la dédicace du Temple, Salomon déclare : « Toi, dans les cieux où tu habites, écoute et pardonne. » (1 R 8, 30). Pourtant – et c’est là tout le mystère de la révélation judéo-chrétienne – Dieu a voulu habiter parmi les hommes. Il s’est choisi un peuple pour y faire habiter son Nom. Tout au long de la marche au désert, il a accompagné les fils d’Israël dans leur pérégrination. Il a campé au milieu d’eux, sous un abri de toile. Et quand Salomon lui a construit un Temple à Jérusalem, c’est là qu’il a établi sa demeure. Le Temple est pour Israël le lieu où Dieu habite. C’est là que le Deutéronome prescrit de monter en pèlerinage afin d’y offrir des sacrifices au Seigneur (Dt 12, 11).

« Pourtant, comme le rappelle Étienne à ses persécuteurs, le Très-Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme. » (Ac 7, 48). Le Temple de Jérusalem n’était que la figure d’un Temple nouveau et plus parfait, celui dont Jésus a dit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours, je le relèverai. » (Jn 2, 19). Le sanctuaire dont il parlait, c’était son corps. Jésus est le véritable Temple, consacré par l’onction de l’Esprit Saint. Lors de son baptême dans le Jourdain, ceux qui étaient présents ont vu l’Esprit descendre du ciel et demeurer sur lui. C’est en Jésus, le Fils de Dieu, que repose la plénitude de l’Esprit Saint, « car Dieu lui donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3, 34). Totalement habité par l’Esprit de son Père, le Christ est le vrai sanctuaire, dans lequel Dieu lui-même se rend présent au milieu des hommes.

Et voici que le jour de la Pentecôte, l’Esprit qui habite la personne de Jésus, le Temple véritable, est répandu sur les disciples. À partir de ce jour-là, ceux qui ont mis leur foi dans le nom du Fils de Dieu deviennent eux-mêmes la demeure de l’Esprit Saint. Ils sont vivifiés par l’Esprit qui animait leur Sauveur. Unis les uns aux autres par un unique Esprit, ils deviennent ainsi le corps du Christ, le Temple nouveau où Dieu habite au milieu des hommes. C’est la raison pour laquelle on peut voir dans la Pentecôte la naissance de l’Église. Dix jours auparavant, la présence physique du Christ avait été retirée aux hommes, lorsque celui-ci s’était élevé vers le ciel pour siéger dans la gloire auprès du Père.

Désormais, c’est dans l’Église que Dieu se rend présent sur la terre. C’est l’Église qui est le nouveau Temple de Dieu. Aujourd’hui, le Seigneur vient habiter le cœur de chacun des croyants, en répandant en eux son Esprit de charité. Frères et sœurs, en actualisant pour nous le mystère pascal, chaque Eucharistie renouvelle cette effusion de l’Esprit Saint sur les disciples que nous sommes. À chacune de nos communions, Dieu vient habiter en nous et fait de nous son Temple. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, nous dit Jésus, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6, 56). Demandons maintenant au Seigneur de disposer nos cœurs pour qu’en venant y habiter, il fasse en nous sa demeure, il fasse de nous son Église, il fasse de nous le corps du Christ. Oui, Père, « quand nous serons nourris de son Corps et de son Sang, et remplis de l’Esprit Saint, accorde-nous d’être un seul corps et un seul esprit dans le Christ ». Amen, alléluia !

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