Homélie pour la solennité de la Pentecôte 2021

« Marcher sous la conduite de l’Esprit ». Deux fois, cette invitation nous a été faite par l’apôtre Paul, dans la deuxième lecture. Devant cette demande insistante de l’apôtre, il est intéressant de se demander pourquoi Paul tient tant à ce que nous conformions nos vies tout entières à la motion du Saint Esprit.

Il le dit lui-même, tout ce qui n’est pas mené selon l’Esprit produit des effets affligeants, détestables, dommageables, destructeurs. La liste qu’il fournit fait un certain écho avec des événements de notre monde : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuverie, orgies ! Quant aux choses du même genre auxquelles Paul fait allusion sans les énumérer, il est possible d’ajouter l’anarchie et même, ultimement le chaos. Face à cette litanie mondaine peut flatteuse, il est facile de percevoir combien il est important de marcher selon l’Esprit, non seulement pour éviter de commettre de telles actions, mais aussi pour trouver comment y remédier naturellement et surnaturellement. L’Esprit est effet, n’est pas uniquement un guide sûr pour éviter le péché ; il est aussi un défenseur et un avocat pour vivre au milieu d’une époque difficile, contrariante et même parfois ennemie de la religion.


L’évangile nous apporte encore une information d’un autre type concernant la venue de l’Esprit. Celui qui témoigne, Celui qui rappelle, Celui qui complète ce que Jésus n’a pas encore pu faire entendre à ses disciples, Celui qui, en définitive, permet que la Révélation puisse s’achever, c’est l’Esprit Saint. En effet, Jésus annonce à ses apôtres qu’ils ne peuvent pas porter beaucoup de choses que Jésus a à leur dire. C’est l’Esprit qui les leur dira. Cette déclaration de Jésus est de nature à nous faire comprendre quelque chose de l’attention surnaturelle de Jésus pour ses apôtres, et aussi pour nous qui sommes ses disciples. Si la Révélation est close depuis la mort du dernier apôtre, comme le dit la théologie, l’Esprit demeure Celui qui donne à entendre à chacun ce que, d’une certaine manière, Jésus ne peut pas encore nous dire. Une analogie peut nous faire comprendre cela. Jésus qui est le Verbe de Dieu a enseigné ses apôtres qui à leur tour nous ont transmis les paroles et les actes du Maître, grâce à l’Esprit qui les a inspirés. Et pour que l’Esprit leur fut donné comme inspirateur, il fallait que Jésus fût remonté auprès du Père. Eh bien il en est de même pour nous qui pouvons lire, méditer, contempler les Écritures sans les avoir entendues directement de la bouche du Verbe de Dieu. Le recours à l’Esprit qui nous fait voir, entendre, comprendre, remémorer l’enseignement transmis par les apôtres, est nécessaire, salutaire, vivifiant. L’Esprit peut même nous donner de lire les Écritures comme elles ne l’ont pas encore été ; Il peut nous donner de mettre en relief des passages qui n’ont pas encore été mis en relief de cette manière-là. Autrement dit l’Esprit est Celui qui sans cesse peut rajeunir notre cœur, notre foi, notre amour, notre connaissance de Dieu.

La connaissance de Dieu c’est le Vie Éternelle ! Si nous vivons de l’Esprit, alors nous pouvons dire que nous connaissons Dieu ; et si nous connaissons Dieu, nous pouvons dire que nous sommes déjà entré dans la Vie Éternelle ! L’Esprit est donc Celui qui nous conduit toujours plus à Dieu, qui nous donne de toujours mieux le connaître et donc de l’aimer davantage encore. Tel est peut-être le fruit le plus précieux de l’Esprit. Ce fruit-là n’est pas une sorte de « plus », c’est un progrès dans un état d’union à Dieu. Un peu comme un fruit que l’on ne cueille pas mais que l’on savoure tout de même de plus en plus.

Demander l’Esprit Saint c’est demander à Dieu d’accroître notre connaissance de Lui, toujours plus, toujours mieux. C’est nous laisser conduire vers cette connaissance, par des sentiers que Dieu seul connaît et que son Esprit a entendu dire pour nous les redire. Puisse notre docilité s’épanouir totalement à l’écoute de cet Esprit.

Amen. Alléluia !

+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur

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