Homélie du dimanche 13 mars 2022

Chers Frères et Sœurs,

Aujourd’hui, le Dieu tout puissant, créateur du ciel et de la terre, maître du temps et de l’histoire, auteur de la Loi et des Prophètes, se révèle en Jésus-Christ, la lumière des nations, le soleil de justice pour éclairer les cœurs, leur donner courage sur le chemin vers la patrie céleste.

C’est en effet le propos d’aujourd’hui. De la même manière que Saint Benoît vit le monde entier ramassé dans un rayon de la lumière divine, les trois Apôtres, Pierre, Jacques et Jean, voient d’un seul regard tout le passé d’Israël, la Loi et les Prophètes, dans les personnes de Moïse et d’Élie ; ils voient le présent dans la personne de Jésus puisqu’il est venu accomplir la Loi et réaliser les Prophéties ; ils voient enfin le futur, c’est-à-dire la fin des temps, puisque le spectacle qui s’offre à leurs yeux n’est rien d’autre que celui de la patrie céleste où les rachetés jouiront du bonheur éternel.

Mais enfin, pourquoi cette vision et cette manifestation de puissance. Est-ce pour terrifier les Apôtres ? Et de fait, ils le sont !

Eh bien, mes frères, d’un côté, la puissance et l’éclat de Dieu ; de l’autre, la faiblesse humaine. Oui, nous sommes faibles, nous défaillons, nous tombons la face contre terre plus morts que vifs, à cause de la morsure du péché. Mais Jésus s’approche de nous, nous touche et nous dit : « Relevez-vous et n’ayez pas peur ». Voilà que la puissance de Dieu nous relève, car c’est une puissance d’amour. Cette puissance se concrétise par la grâce divine que nous recevons. Seule la grâce, en nous élevant vers Dieu, peut nous faire penser comme Dieu, agir comme Dieu par les actes de foi, d’espérance et de charité. Moïse, les Juges et les Prophètes conduisaient le peuple de l’Ancienne Alliance. Mais maintenant, c’est Jésus et l’Esprit-Saint, présents en nos cœurs, qui sont nos guides. Nos hôtes intérieurs, Jésus et l’Esprit-Saint en chacun de qui habite la plénitude de la divinité, nous donnent cette force divine sans laquelle nous ne pouvons rien. La grâce qui est notre force, se déploie dans la foi par laquelle nous savons que Jésus est Seigneur et qu’il veut nous rassembler dans la patrie céleste ; cette grâce se déploie aussi dans l’espérance qui nous donne la confiance que Dieu veut nous sauver et nous donner les moyens pour y arriver ; cette grâce se déploie enfin dans la charité qui demeurera toujours, et qui imbibe toutes nos actions de la manière de faire de Dieu, car Dieu est amour.

Jésus donc, en révélant sa gloire, nous sauve. Peu auparavant, au verset 18e du chapitre 9e de l’Évangile selon Saint Luc, Jésus demande à ses Apôtres leur opinion sur son identité profonde ; saint Pierre inspiré par le Père, déclare : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Aujourd’hui, c’est Jésus lui-même qui se révèle comme Fils de Dieu, maître du temps et de l’histoire, dans la transfiguration. Ces deux révélations de gloire et de salut, celle de saint Pierre et celle de la transfiguration, sont suivies par les deux premières annonces de la passion : c’est le mystère pascal d’abaissement et d’exaltation. En associant intimement la phase obscure à la phase lumineuse du mystère du salut, Jésus a montré que nous ne pouvons aller à la vie que par la mort à nous-mêmes, que nous ne pouvons aller à Pâque que par le Carême. Mais Jésus dans sa bonté, voulant ôter des Apôtres le scandale de la souffrance et de la passion, a d’abord montré sa gloire dans la transfiguration.

Tous les jours, le Seigneur nous soutient par son Eucharistie, par sa présence parmi nous et en nous. Le Seigneur ainsi, ne nous abandonne pas dans nos épreuves, mais il est la force des faibles et de ceux qui espèrent en Lui.

Amen.