Homélie pour le 29e dimanche du temps ordinaire

Chers Frères et Sœurs,

les lectures de ce dimanche traitent du mystère pascal, c’est-à-dire de l’expiation des péchés de tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux par les souffrances et la mort du Juste, par la mort et la résurrection du Christ, Fils de Dieu. Le mystère pascal est un mystère dans le sens où l’acte du Christ est porteur de salut pour tous les hommes. Il est aussi un mystère dans le sens où l’action de Dieu était totalement inattendue : les Apôtres ne se seraient jamais douté de l’idée même de résurrection. Dieu a donc opéré quelque chose de tout à fait nouveau ; car ce qui est nouveau, ce n’est pas de revenir à la vie pour mourir de nouveau, comme Lazare ; mais c’est d’entrer dans la vie divine, une vie totalement autre qui ne connaît ni crépuscule, ni déclin, une vie toujours neuve et vivifiante. Dieu nous fait participer à sa vie divine : et voilà que je fais toute chose nouvelle.

Chose nouvelle donc, dans les faits ; et pourtant si ancienne puisque Dieu l’avait annoncée dès les origines. Quand Ève fut vaincue par le serpent rusé c’est-à-dire le diable, Dieu lui dit que sa descendance, c’est-à-dire Marie, écrasera la tête de ce même serpent. Isaac est la figure du Christ quand son père Abraham, sur le point de le sacrifier à Dieu, reçoit de l’ange l’ordre de le préserver. Le peuple hébreu dans son entier est figure du Christ, quand il échappe à une mort certaine en passant la mer rouge alors qu’il était poursuivi par l’armée de Pharaon. Enfin ce mystérieux serviteur dont la première lecture a retracé les traits est lui aussi figure du Christ quand il est mis à mort alors qu’il n’a commis aucun péché, mais qu’il portait les péchés du monde. C’est pour cela qu’il prolongera ses jours et qu’il verra sa descendance. Sans dire le mot, il s’agit bien d’une résurrection.

Seulement, pour y arriver, Dieu emprunte des voies qui nous semblent paradoxales : il faut souffrir pour être glorifié, il faut descendre pour monter, il faut aller à la mort pour connaître la vie. Dieu veut nous montrer en nous faisant suivre ce chemin, que ce n’est pas par nos propres forces que nous acquérons le salut, mais qu’il nous est donné par grâce, gratuitement. Par nous-mêmes, nous ne pouvons rien faire, mais en Dieu nous faisons des prouesses. Abandonnons donc définitivement cet orgueil et cette folie qui prétendent acquérir le salut par ses propres forces, et soyons assez humbles pour reconnaître que le salut ne peut venir que de Dieu seul. Ce sera une attitude de vérité envers Dieu et envers nous-mêmes qui nous ouvrira, nous dilatera le cœur pour qu’il soit capable d’accueillir ce salut, et du même coup, le bonheur et la joie même de Dieu.

frère Yves-Marie François +

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