Homélie pour la solennité de Marie Mère de Dieu 2022

Là où la cinquantaine pascale est vécue comme un seul jour, le temps de Noël est vécu par l’Église comme un temps de contemplation des diverses facettes du mystère de la Nativité. Ce matin nous sommes invités à revenir à la nuit de Noël, aux premières heures après la naissance de Jésus, tandis qu’il fait encore nuit.
L’évangile qui vient d’être proclamé est celui que nous entendions justement à « la messe de l’aurore ». Ce passage évangélique est débordant de simplicité, de douceur, de joie. Les anges viennent de quitter les bergers, et ces derniers décident de chercher cette grotte où est né ce Sauveur annoncé par les anges. Ils s’y rendent donc, guidés par la joie qui habite leur coeur, et aussi par la lumière qui émane naturellement de ce lieu incroyable où Dieu vient de poser « pied à terre », littéralement. Ils ne sont pas les seuls sur place à vrai dire. Il faut avouer qu’avec le joyeux tintamarre qu’ont fait les anges, la nuit n’a pas dû être de tout repos pour grand monde dans la région. Beaucoup ont du affluer vers ce lieu, doucement mais avec détermination, un peu comme la mer monte à l’assaut de la côté sans jamais s’arrêter avant d’avoir atteint son but.
Les bergers arrivent donc et découvrent ce que les anges leurs avaient annoncé : « un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire ». Mais pas seulement. Il y a aussi la Mère de l’enfant et Joseph. Et puis donc aussi ceux que l’évangile ne mentionne pas, mais auxquels les bergers racontent « ce qui leur avait été annoncé ». La deuxième lecture nous décrit très exactement ce qui vient de s’accomplir grâce à cette naissance, mais qui ne paraît pas encore : « Dieu vient d’envoyer son Fils, né d’une Femme », afin de « racheter ceux qui sont sous la Loi », pour que ceux-ci soient « adoptés comme fils ». Jésus est envoyé pour dire à ceux qui n’ont pas de maison, pas de toit, pas de famille : « je suis votre frère ». Plus tard ces mêmes pauvres pécheurs découvriront que ce Jésus qui s’est fait leur frère à un Père qui leur propose de les adopter comme fils et donc de pourvoir à ce dont ils ont tant besoin : une famille, un toit, une maison, pour l’éternité. Et pour que tout cela soit possible et durable, Jésus leur annoncera aussi qu’en lui tous les péchés sont remis car tel en est la volonté de son Père.
Et c’est tout cela que Marie contemple, pressent, devine, discerne peut-être déjà dans la pénombre. Tout cela va arriver sous le regard contemplatif de cette Femme dont est né charnellement le Fils de Dieu. Marie préside avec un effacement virginal à tous ces événements qu’elle méditera dans son coeur sa vie durant. C’est pourquoi elle peut être appelé Mère de Dieu en vérité. Mère de Jésus qui est Dieu et qui est la tête du corps qu’est l’Église. Marie est donc aussi Mère de l’Église dont elle est aussi membre. Quel mystère d’hérédité ; quelle merveille, mais quelle merveille ! Tout est là, devant nos yeux. Il ne restera plus à Dieu qu’à laisser se développer toute chose afin que s’accomplisse son dessein éternel de salut pour toute l’humanité. D’une certaine manière, c’est un peu comme le développement d’un enfant dans le sein de sa mère : une fois conçu, tout est là ; il ne reste plus qu’à permettre le développement de l’enfant afin qu’il arrive au terme de sa croissance.
Entrons dans la reconnaissance et la gratitude. D’abord envers Dieu qui nous offre d’être comblés par tout ce qu’Il fait, et puis aussi les uns envers les autres, pour tout ce que nous nous apportons mutuellement sur notre route vers la maison du Père, en compagnie de Jésus notre Sauveur. Nous ne savons pas ce que sera le chemin de 2022, mais notre direction reste la même et les dispositions de Dieu n’ont pas non plus changé : Il nous désire comme fils et filles, grâce à l’incarnation de son Fils qui descend chaque jour vers nous pour nous conduire sur le chemin qui mène à la vraie liberté et à la vraie joie : se savoir enfant de Dieu !
Marie qui est aussi fille de notre Père, sait combien cette grâce est merveilleuse, et elle désire ardemment nous voir y correspondre par toute notre vie. En la recevant comme Mère nous trouvons un soutien et une protection tels que Jésus les a voulus pour lui même. Il les désire aussi pour nous : faisons lui la joie de recevoir Marie comme notre Mère, toujours plus profondément, toujours plus humainement, toujours plus joyeusement. En sorte que notre joie grandisse toujours plus en Dieu.

Amen

+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur

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