Homélie pour la solennité de l’Épiphanie, 6 janvier 2023

Voici environ 2000 ans, trois hommes, trois rois dit-on, ont entrepris un très long voyage pour répondre à un appel. Un appel lumineux, comme si une étoile leur avait fait signe de la main. Un appel qui peut sembler fort mystérieux. Pourtant ils n’ont pas de doute. L’attraction qu’ils subissent est plus forte que toutes les questions qui se posent peut-être à leur esprit. Ils se mettent en marche.

Le parcours qu’ils ont dû faire hier est-il plus long que celui que nos contemporains doivent faire encore aujourd’hui pour répondre à l’appel de Dieu ? Un appel à venir à la lumière ; un appel à en prendre le chemin.

Il est possible que la lueur lumineuse stellaire qui guidait nos mages au dehors fut précédée par un lumière tout intérieure qui les animait. À moins que ce ne fut l’inverse ? Dieu a proportionné le signe qu’il a donné à la réalité de ce que vivaient ces hommes, de la même manière qu’il a agi vis à vis des bergers. Dieu proportionne en effet toujours ses dons à ceux auxquels ils sont destinés, en fonction de leur histoire, de leur culture, du temps dans lequel ils vivent. Nos mages n’avaient pas besoin de savoir qu’au terme de leur pérégrination ils trouveraient un enfant nouveau-né posé dans une mangeoire : ayant vus l’étoile de ce roi se lever dans le ciel, ils savaient déjà ce qu’ils trouveraient. Aux yeux des bergers ce fut un autre signe. Les anges figurèrent l’étoile, et la science astronomique fut converti en un message en langue vernaculaire. Au final personne ne fut jaloux de l’autre car chacun trouva le bien auquel il aspirait intérieurement. Ainsi, le travailleur de la première heure reçu le même salaire que celui de la dernière heure. Et ce salaire fut de contempler un Sauveur dont ils ne savaient pourtant rien du programme salvateur. Mais dès lors la lumière intérieure qui avaient mené les uns et les autres jusqu’au Messie, avait pris une belle forme de flamme, de toute petite qu’elle avait d’abord été. Et puis tous reprirent leur route. Les bergers retournèrent à leurs brebis, et les mages à leurs royaumes orientaux. Mais ils n’y revinrent pas comme on revient d’un premier de l’an ! C’est à l’intérieur de leur cœur que quelque chose avait changé. Ils portent désormais une mission : celle de faire connaître la venue de ce Sauveur du monde !


Cette mise en route est bien réelle aussi pour la sainte Famille qui bien vite après le départ des mages va devoir aussi s’en aller. Le but ici n’est pas de faire connaître Jésus mais bien plutôt de le protéger des désirs vindicatifs mortels d’un autre roi terrestre. Dieu qui ne semble jamais se reposer sur cette terre demande à ceux qui le suivent d’en faire autant. Et d’authentiques disciples ne peuvent dès lors ni s’étonner ni se plaindre de ne point trouver où reposer la tête sur cette terre.

Pour éclairer la vérité de cette mission et de ce pèlerinage, l’Église a proposé à nos oreilles ces derniers jours, la lecture des premiers pas de la vie de publique de Jésus. La lumière qu’est le Christ attire vers lui les premiers disciples qui poussés par une médiation visible cherchent à le rencontrer. Ce ne sont plus des anges ni une étoile qui manifestent aux hommes ce Sauveur. C’est désormais un homme, un cousin de Jésus qui a reçu cette mission de faire connaître l’Époux. La médiation a changé mais le but est toujours le même : faire connaître le Sauveur. Pourtant cette vie publique ouvre un nouveau chapitre : celui des évangiles qui contiennent l’enseignement du Christ : une parole qui est vie éternelle, comme il le dira lui-même.


À notre tour, n’ayons pas peur de nous mettre en chemin, sans bâton ni argent, mais riches de cette lumière de la foi que Jésus a déposée dans nos cœurs afin d’en faire profiter tous ceux qu’il mettra mystérieusement sur nos chemins. Croyons que Jésus nourrit à chaque instant cette foi et qu’il la fait parfois rayonner à notre insu, pour que sa joie soit en nous et qu’elle soit entière.

Amen

+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur

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