Homélie pour la solennité de l'Ascension 2023

Comme pour en délimiter la surnaturalité, le temps pascal s’ouvre et se clôt, d’après Luc, en la présence de deux anges. Ils sont comme deux témoins de ce monde dans lequel le Christ ressuscité est désormais entré. Leur présence toutefois montre aussi que de ce monde de lumière jusqu’au nôtre il est possible de venir, avec la permission de Dieu, porter aux hommes des messages. Le Verbe lui-même, sans quitter le sein du Père, a pris chair de la Vierge Marie et est entré dans le monde pour porter la Bonne Nouvelle à tous les hommes de bonne volonté.


En ce jour, nous célébrons sa montée à la droite du Père. Le Verbe de Dieu enrichi d’une nature humaine siège désormais à la droite du Père. Il préfigure ainsi la destinée à laquelle Dieu le Père nous appelle, et à laquelle Il désire que nous répondions. C’est dire l’importance de cette fête. En effet elle achève la mission terrestre du Fils que son Père lui a confiée. Cette Ascension nous indique donc la direction dans laquelle nous devons orienter toute notre vie : siéger un jour auprès du Père. Le chemin pour y parvenir nous le connaissons : c’est Jésus, comme il l’a dit lui-même à ses apôtres.

C’est l’occasion pour nous aujourd’hui de prendre conscience que Jésus durant sa vie mortelle n’a jamais cessé de vivre en référence avec son Père. Et puisqu’il est le chemin, vivre en référence avec Notre Père doit aussi devenir le but et l’accomplissement de notre vie. Il y a dans cette relation filiale la clé du message central que Jésus nous a enseigné et qu’il nous laisse : nous ne pouvons être ce que nous sommes qu’en lien permanent avec Notre Père. Nous ne pouvons devenir ce que le Père attend de nous sans nourrir à chaque instant cette relation filiale avec Notre Père. Et pour la nourrir nous en connaissons aussi le chemin puisque c’est Jésus. Jésus n’est donc pas pour nous croyants un modèle de vie seulement terrestre mais il est le modèle de la vie en Dieu dès cette terre en vue de l’éternité. Sur ce chemin, L’Église, puisant dans l’enseignement du Christ, offre à ses enfants les sacrements comme nourriture sur le chemin qui conduit vers le Père. Profitons-en ! Nourrissons-nous en.


Jésus cependant n’est pas montée vers le Père comme pour mettre un terme à sa mission. Il ne le peut à vrai dire pas puisque du fait de sa nature humaine il est la Tête d’un corps qu’est L’Église et qui demeure sur terre. Du reste comme il l’a dit dans l’Évangile il est avec nous jusqu’à la fin du monde ; mais il ne l’est plus à la manière dont nous vivons.

Et ce n’est pas tout, car en partant vers le Père il a fait une promesse : envoyer l’Esprit Saint. Pour que nous puissions recevoir l’Esprit Saint en plénitude il convenait que Jésus fût remonté vers son Père. L’Esprit Saint est celui qui vient nous rappeler, nous remettre en mémoire, nous faire nous souvenir.

On l’appelle aussi Avocat. Pour nous autres aujourd’hui un avocat est quelqu’un qui prend notre défense et qui parle à notre place. Il semble qu’à l’époque du Christ, l’avocat ne parlait pas à la place de son client mais lui soufflait les bonnes réponses, un peu comme le souffleur dans les théâtres autrefois. Cette image si elle est avérée est tout à fait pertinente, car elle nous laisse deviner le rôle de l’Esprit qui n’est pas de faire à notre place, mais de susciter en nous l’écoute de la volonté de Dieu qui nous permet de faire place à cette volonté dans nos propres actes.


Que ce temps qui nous sépare de la fête de la Pentecôte soit donc pour nous un entraînement renouvelé à écouter. Apprenons à nous poser des questions sur le sens de ce que nous vivons, sur le sens de nos rencontres, sur le sens de nos hésitations, sur le sens de nos succès, pour voir si l’Esprit n’est pas en train de nous murmurer quelque chose qu’il nous faut deviner. Nous préparerons ainsi déjà une place pour Le recevoir, d’ici quelques jours.


Amen

+ frère Laurent de Trogoff, prieur administrateur

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