Homélie pour la messe du dimanche 9 janvier à l'abbaye St Michel de Kergonan

Chers Frères et Sœurs,

La naissance du Christ inaugure les temps nouveaux qui sont aussi les derniers temps, déjà entrevus au début de l’Avent. Le Christ qui est l’Alpha et l’Omega résume en lui-même le passé, le présent et l’avenir jusqu’à son retour glorieux où il jugera toute chair selon ses actes. Pour y arriver, il faut passer de commencements en commencements. Le premier commencement sans commencement est Dieu lui-même ; puis viennent la création du monde, la chute, puis l’appel d’Abraham et de tous les prophètes à sa suite pour annoncer au monde que Dieu ne nous a pas rejeté. Par le prophète Isaïe que nous lisons en première lecture, Dieu nous dit : « Consolez, consolez mon peuple, criez-lui que son péché est expié. » Et par son Serviteur, il dit à chacun de nous : « Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice, je t’ai pris par la main, je t’ai mis à part ». Mis à part, qu’est-ce à dire, sinon pour nous garder du mal et de l’impureté ; et il nous prend par la main, car par nous-mêmes, nous ne saurions rien faire, mais Dieu nous guide sur un sentier que nous ne connaissons pas, un sentier de merveilles qu’il nous fait découvrir au fur et à mesure que nous avançons.

C’est pourquoi Dieu nous fait arriver à un autre commencement qu’est la naissance sur terre de son Fils, le Christ. L’éternel entre dans le temps pour que nous entrions dans l’éternité en participant à sa divinité. Par ailleurs, Dieu sanctifie et purifie tout ce qu’il touche ; en partageant notre vie terrestre, il sanctifie et divinise notre vie ; en se faisant baptiser, il sanctifie le rite du baptême et nous donne par là-même de devenir enfant de Dieu ; ceci parce que le baptême au nom de Jésus n’est pas un baptême de pénitence, un baptême d’eau, mais un baptême de conversion dans l’Esprit Saint et le feu. Le feu désigne à la fois le feu de l’Esprit Saint, mais aussi le feu qui purifie en brûlant toutes les scories du péché. Cette opération qui nous est douloureuse, nous ouvre cependant à une vie nouvelle, la vie dans l’Esprit Saint. C’est à cette conversion que nous appelle la fête du Baptême du Seigneur, lequel nous conduit aussitôt après au désert pour goûter l’intimité avec Dieu, intimité brisée par le péché originel, et retrouvée par l’Alliance que Dieu établit avec nous, pour que nous soyons son peuple et qu’il soit notre Dieu.

L’Esprit Saint, manifesté au Baptême du Seigneur, sera donné en plénitude à la Pentecôte. Ce baptême des disciples dans l’Esprit marque la naissance de l’Église et le commencement de l’évangélisation du monde, alors que le Baptême du Seigneur marque le commencement de la mission du Christ, l’annonce de la Bonne Nouvelle au peuple d’Israël.

À l’exemple de tous ces événements salvifiques, doit se calquer notre vie, faite de moments forts ou de périodes pénibles, faite de commencements qui la jalonnent pour nous faire arriver au but que Dieu désire pour chacun de nous, à savoir la vie éternelle, vie où toute larme sera essuyée et où régnera le bonheur en plénitude car nous verrons notre Sauveur face à face. Par l’Esprit Saint reçu au baptême, préparons-nous donc à changer notre manière de penser pour nous attacher aux réalités célestes tout en usant ici-bas des réalités terrestres que nous savons passagères.

Au commencement du temps ordinaire, confions-nous à l’Esprit Saint qui nous guidera pas à pas, jour après jour, vers une union toujours plus intime avec notre Créateur et Sauveur.

Amen.

frère Laurent de Trogoff +, prieur administrateur

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