Semaine 22edu Temps ordinaire – Année C-I, 2025
Col 1, 9-14 ; Lc 5, 1-11 – Jeudi 04 septembre 2025
L’exhortation que Paul adresse aux Colossiens est très belle. Comme vous l’avez peut-être remarqué il s’y trouve de nombreux verbes au futur de l’indicatif, ce qui nous indique une séquence en deux temps : le premier au présent ; le second au futur. Le premier consiste à être rempli et à devenir digne ; le second à porter du fruit. Le premier présente un aspect passif dans lequel l’action appartient à Dieu ; le second est une synergie – une œuvre commune – entre Dieu et la créature. C’est le même tableau qui se présente à notre contemplation dans l’évangile. Il y a d’abord l’écoute de la parole de Jésus puis la pêche ordonnée par Jésus et exécutée par Pierre. Et tout cela nous enseigne deux choses.
La première. Que fait Pierre ? Que dit le texte ? « Sur ta parole je vais jeter le filet » ! Pierre jette donc le filet. Où ? Sur la parole de Jésus ! Pierre nous apprend ce qui se passe lorsque nous avons l’audace de jeter le filet sur la parole de Jésus ! La parole est première, toujours. Et elle appelle notre action afin de réaliser un miracle.
Le deuxième enseignement concerne la dignité. Nous avons tous fait un jour où l’autre l’expérience de notre indignité. Paul affirme qu’une fois comblés de la connaissance de Dieu, nous devenons dignes. Cette dignité consiste donc à se laisser remplir et non pas à prétendre quoique ce soit. Pierre fait cette expérience. Il s’affirme indigne, comme s’il devait être assez bien pour que Jésus puisse faire de lui quelqu’un. Nous avons tous cru cela un jour ou l’autre, et peut-être même le croyons nous encore. Cela donne quelque chose comme : « pour que Jésus puisse faire quelque chose de moi, il faut d’abord que je sois assez bien ». C’est une hérésie !
Juste avant de communier nous allons dire une parole qui, tirée de son contexte, peut nous replier sur nous-mêmes, un peu comme Pierre : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir… ». Comme vous le savez ce sont les paroles qu’un centurion romain adresse à Jésus qui propose de venir chez lui (Matthieu 8,8). Le mot grec caché derrière « digne » est ikanos. Ce mot signifie « suffisant », « suffisamment large ». Il ne comporte aucune idée d’une dignité telle que nous la considérons d’habitude. Le centurion dit simplement : « je n’ai pas la place de te recevoir car c’est trop petit chez moi ». C’est un peu comme si un groupe de 5000 personnes voulait entrer dans cette église. On répondrait : « il n’y a pas la place ! » Ainsi, ce que Jésus demande au moment de le recevoir, c’est de lui faire de la place pour accueillir sa parole, sa Présence réelle dans l’eucharistie. C’est aussi ce qu’il demande à Pierre ! Alors nous aussi disons lui : « sur ta parole, je te laisse venir et agir en moi »
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