Semaine 19 du Temps ordinaire – Année C-I, 2025
Dt 34, 1-12 ; Mt 18, 15-20 – Mercredi 13 août 2025
Comme nous venons de l’entendre, le livre du Deutéronome décerne à Moïse une éloge dithyrambique. Capacités physiques intactes, autorité intacte, humilité intacte. Ou oublie souvent de mentionner que le tout premier acte connu de la vie de Moïse est un crime. Moïse a assassiné un Égyptien qui se battait avec un hébreu. Ce qui est curieux dans tout cela, c’est qu’aucune condamnation n’est rapportée là-dessus. Pas même de la part de Dieu qui accorda à Moïse de Le rencontrer face à face. Une vie est-elle négligeable ? Nous touchons du doigt ici le caractère particulier des Écritures qui doivent toujours être interprétées afin de bien profiter de tout le message qu’elles recèlent. L’Égypte figure avec la Grèce l’abomination de la désolation, la perversité absolue, pour le motifs que ces peuples adoraient des divinités païennes.
Avec Jésus nous sortons de l’allégorie. L’invitation qu’il nous fait d’aller trouver celui qui a commis un péché contre nous, peut nous paraître curieuse. En effet comment s’articule-t-elle avec la prière du notre Père dans laquelle nous sommes invités à pardonner à ceux qui nous ont offensé, sous peine de n’être soi-même pas pardonné ?
C’est tout simplement logique : avant de pouvoir pardonner à son frère, avant de le délier de son offense, il faut avoir pris acte de l’offense qu’il nous a faite. Le pardon n’est pas une ignorance de la déficience de l’autre : il est au contraire un témoignage d’amour qui va au-delà de la justice. Comme l’écrivait le pape François dans son dernier livre « Espère » : « Dans la vie, tout ne se résout pas avec la justice. Là où il faut endiguer le mal, quelqu’un doit aimer plus que ce qui est dû, pour commencer une histoire de grâce »1. Une fois la correction servie et le pardon donné et reçu, l’union fraternelle peut alors être recouvrée. Et Jésus nous dit que la prière qui naît alors de cette union est prodigieuse : elle atteint toujours son but. Et si en ce moment nous avons le sentiment de n’avoir pas encore fait cette expérience, c’est peut-être justement que nous n’avons pas encore mis en pratique ce que Jésus nous apprend aujourd’hui : correction, pardon, prière commune.
Jésus ne pouvait enseigner autrement qu’il n’avait vécu ! Aussi nous a-t-il montré comment agir. A combien d’hommes et de femmes a-t-il reproché leur attitude ? Parfois ceux-ci se repentaient aussitôt ; parfois il fallait appeler un témoin. Le plus souvent le témoin que convoque Jésus est l’Écriture, parfois ce sont les œuvres que Jésus faisait. Et finalement tout a été englouti dans le sacrifice rédempteur de la croix, ultime pardon pour toutes nos offenses. Pour nous s’est pareil. Si le frère n’entend pas notre reproche, alors il faut invoquer les Écritures. Et si cela ne suffit pas encore alors il nous faut témoigner par nos œuvres, notre vie d’amour. Et si cela ne suffit pas encore alors il faut regarder ce frère comme un publicain, c’est à dire une personne à évangéliser, à aimer plus parce que l’amour est la seule réponse que Jésus nous a enseignée.
Telle est la correction fraternelle à laquelle Jésus nous invite ! Pas si simple n’est-ce pas ? Toi, vas, et fais de même !
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