Cause de notre joie | Homélie du 8 décembre 2021

Causa nostræ lætitiæ ! Parmi la numération des invocations adressées à la Vierge-Marie, il en est une qui brille particulièrement en ce joyeux temps de l’Avent : « Cause de notre joie ». C’est indubitablement sa relation tout à fait singulière au Christ Jésus qui est la source d’une telle cause.

Comme chacun de nous, Marie a été choisie dans le Christ avant la fondation du monde, pour être sainte et immaculée devant le Père dans l’amour¹. Marie est donc autant que nous regardée dans le Christ par le Père, de toute éternité. Mais elle l’est à un titre tout à fait particulier. Car en regardant le Christ, Dieu voit non seulement le mystère de l’incarnation mais aussi et simultanément le moyen par lequel cela se fera. Marie est donc en quelque sorte la cause du Christ dans le temps, le moyen par lequel le Christ est venu jusqu’à nous dans la chair. Et puisque le Christ est la plus grande joie que l’humanité ait jamais connue, Marie peut assurément être appelée la Cause de cette joie.

Parmi la litanie de tous les saints qui ont fait la joie de Dieu au long des âges, comme le dit la nouvelle traduction de la deuxième prière eucharistique en français, Marie est non seulement Reine mais encore aussi source de cette litanie, puisqu’elle a donné au monde Celui dont tout être humain tirera la sainteté. Telle est encore la Cause de notre joie.

Joie tout à fait inouïe et inimaginable pour tous les pauvres pécheurs de tous les temps, le Christ, parfaite image de notre Père des Cieux nous obtient le don de la filiation divine adoptive. Et cette filiation nous est conférée charnellement par l’humble chemin de l’incarnation, fruit de l’ineffable condescendance divine, fruit temporel du « fiat » prononcé par une jeune vierge de Judée.

Par la bonté et le choix libre de Dieu Marie nous apparaît donc comme la sublime cause de notre joie. Cause sans doute accidentelle et non pas essentielle, ce qui relève encore un peu davantage s’il était possible la joyeuse humilité de cette jeune femme.

Cause de notre joie, Marie l’est aussi et encore à un autre titre. Il ne suffisait pas que le Christ vînt en elle et par elle. C’est en effet aussi et avant tout par elle que nous savons pouvoir rencontrer le Christ en vérité. Comme le Christ est l’unique chemin qui nous conduit au Père, Marie est le chemin maternel très sûr qui nous conduit à connaître le Christ, dans l’Esprit. Elle est la perle scintillante qui attire les regards humains afin que leur soient dévoilés par l’Esprit Saint les trésors de l’humanité du Christ.

C’est donc en vérité que Marie peut être déclarée joie de toutes les joies, puisque par elle Dieu s’est plu à nous donner la joie incréée, le Seigneur Jésus. Et cette joie qu’est Jésus, cette joie de Jésus, il l’a lui-même donnée à tous ceux qui gardent ses commandements, afin que leur joie soit complète². C’est justement en Marie que s’est parfaitement accompli ce don de Jésus. C’est en elle que la joie de Jésus fut totale et complète, sans pour autant l’épuiser. Alors nous petits-enfants, n’hésitons pas à nous tenir fidèles, dans les commandements du Christ afin de recevoir la joie de Jésus comme un fruit mûr de notre foi, et de faire ainsi la gloire du Père.

Ô Marie, cause de notre joie, conduis-nous à Jésus !

Amen

1 Eph 1,4.

2 Jn 15,11.