Semaine 17 du Temps ordinaire - Année C-I, 2025
Lv 25, 1.8-17 ; Mt 14, 1-12 - Samedi 2 août 2025
La première lecture de cette messe décrit le déroulement de l’année jubilaire chez le peuple hébreu. Cela fait un bel écho à cette année sainte 2025 que nous vivons. Dieu invite son peuple à une libération et à un nouveau départ. Cependant ce départ ne se caractérise pas par une démarche envers Dieu, mais envers le prochain. Dieu commande à son peuple de libérer son frère de ce qui le retenait. Cet élan jubilaire doit être est signe, le signe que la vie terrestre n’est pas un absolu. Ce n’est pas ainsi que le voit Hérode dans l’évangile. Il a préféré emprisonner la vérité, la bâillonner. Il a préféré la recouvrir de divertissements et de beuveries. Et tout cela a abouti à un assassinat. C’est l’exact opposé de l’élan jubilaire : au lieu de libérer un frère, ce frère est assassiné.
Ceci doit nous faire réfléchir en cette année jubilaire. Qui sont ceux qui nous entourent et que peut-être nous retenons captifs. Nous les laissons emprisonnés dans notre rancune, ou même simplement dans notre peur ; car la peur de l’autre l’emprisonne. iIs nous sont peut-être même devenus infréquentables : on les évite. Pour un peu, nous serions satisfaits qu’ils disparaissent. Quelle part Hérode a-t-il en nous ? Allons-nous oui ou non prendre au sérieux l’invitation de Dieu de tout remettre à notre prochain afin qu’il soit libéré de sa dette — dette dont il n’a d’ailleurs pas toujours conscience — et que nous soyons libérés de cette peur ou de cette rancune subtile qui nous ronge de l’intérieur ?
En ce premier samedi du mois, demandons à Marie cette grâce du recommencement, cette grâce de l’ardoise vide. Puissions-nous aussi perdre cette ardoise et ne plus jamais trouver où noter les offenses de nos débiteurs afin d’être portés par ce jubilé jusqu’à la rencontre finale.
Ex 40, 16-21.34-38 ; Mt 13, 47-53 - Jeudi 31 juillet 2025
Depuis hier, nous entendons dans le livre de l’Exode un récit fascinant : Dieu vient à la rencontre de Moïse et Moïse rencontre Dieu. Nous avons appris que cette rencontre rendait Moïse lumineux d’une lumière éblouissante aux yeux de ceux qui le voyaient. Aujourd’hui Dieu demande à Moïse d’ériger une Demeure afin que Dieu y descende. Et c’est ce que Moïse accomplit. Alors la nuée lumineuse descend pour signifier la présence de Dieu. Cet épisode de la Révélation nous rappelle le récit de la Transfiguration dans le Nouveau Testament. Dans l’un et l’autre cas, la présence de Dieu est manifestée par la Lumière et la Nuée.
Dans sa visite surprise à la fin de la messe mardi soir avec les jeunes venus à Rome pour leur jubilé, Léon XIV a aussi donné cette invitation à être « le sel de la terre et la lumière du monde ». Il leur a confié le soin de demander la paix et de l’apporter au monde. C’est cela aussi construire la Maison de Dieu, en soi-même comme avec les autres, afin de permettre à chacun de pouvoir rejoindre l’autre, et faire des ponts — comme disait le pape François. Tout cela nécessite de prendre du temps pour la prière silencieuse.
Construire la paix c’est aussi jeter un filet nous dit Jésus. Quotidiennement nous jetons nos filets sur la journée qui se lève. Et nous récoltons de tout. Il nous reste à faire le tri afin de garder ce qui nourrit notre vie de foi et permet à Dieu de bâtir et fortifier ce lieu en nous où Il veut demeurer. Ce tri est très important : c’est un tri écologique, qui nous parle donc d’une maison à bâtir – selon l’étymologie du mot. Parfois nous ramassons dans nos filets des choses brillantes, excitantes même, mais nous sentons que quelque chose ne va pas. Nous percevons que cela doit être rejeté à la mer, soit parce que ce n’est pas encore mûr, soit parce que c’est franchement empoisonné. Et il peut nous falloir du courage pour agir ainsi. Parfois nous ramassons de l’ancien et nous comprenons que cela nous sera utile dans notre construction. Parfois nous ramassons du neuf et nous ne savons pas très bien comment le mettre en valeur. L’Esprit saint peut nous guider dans ce tri écologique. Et pour cela il nous faut passer assez de temps au contact de l’Esprit, dans la prière silencieuse, afin de recevoir la lumière de Dieu qui nous éclairera. Parfois il nous faut attendre car l’Esprit nous inonde de sa présence et nous empêche d’agir en nous aveuglant dans la nuée. C’est aussi le temps de réparer nos filets.
Sans que nous en ayons conscience, l’Esprit nous rend nous-mêmes lumineux aux yeux du monde, à l’image de Moïse. Et puis doucement, nous comprenons qu’il faut nous remettre en marche. Demandons cette grâce « mosaïque » de discerner le bon moment que Dieu nous donne à vivre pour demeurer avec Lui, pour marcher avec Lui, pour aller à la rencontre des autres.
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