Homélie pour la solennité de l'Immaculée Conception 2025, Jubilé de 60 ans de profession monastique de Monseigneur Robert Le Gall

« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit au ciel, dans le Christ. » Les premiers versets de l’Épître aux Éphésiens nous invitent à bénir le Père céleste pour toutes les bénédictions dont il nous a bénis en son Fils. Et saint Paul précise aussitôt le contenu de cette grâce incomparable que nous avons reçue : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. » Dieu, qui seul est saint, nous a appelés à vivre en sa présence et à participer ainsi à sa propre sainteté, dans la communion de l’amour trinitaire. Cette élection dont nous avons fait l’objet est un don purement gratuit ! Dieu nous a choisis dès avant la fondation du monde, sans aucun mérite de notre part. Et pour cause…

S’il y a une créature en qui l’élection divine s’est manifestée avec éclat, c’est bien la Vierge Marie, dont nous célébrons en ce jour l’Immaculée Conception. Alors que tous les autres enfants qui viennent au monde naissent avec la marque de la souillure originelle, Marie seule a été préservée de toute trace du péché, dès l’instant de sa conception. Par une grâce venant déjà de la mort de son Fils, Dieu préparait en elle une demeure digne de celui-ci. C’est ainsi que la fille d’Anne et Joachim a été choisie, dans le Christ, pour être parfaitement sainte et immaculée devant Dieu, dès le premier instant de son existence.

Frères et sœurs, il y a aujourd’hui soixante ans, en la solennité de l’Immaculée Conception, le pape Paul VI célébrait la clôture du second concile œcuménique du Vatican. Et dans son homélie il déclarait : « N’est-ce pas en fixant notre regard sur cette Femme humble, notre Sœur et en même temps notre Mère et notre Reine céleste, miroir clair et sacré de la Beauté infinie, que peut s’achever notre ascension spirituelle conciliaire ? […] Cette beauté de Marie Immaculée ne devient-elle pas pour nous un modèle inspirant ? » À l’issue du Concile, le Pape laissait ainsi à l’Église l’exemple de Marie. En elle, nous pouvons contempler le miroir de cette sainteté à laquelle nous sommes tous appelés, comme l’avait rappelé un an plus tôt la constitution Lumen gentium.

Cette constitution dogmatique enseigne en effet que « dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté » (LG 39). Et parmi les multiples aspects que revêt cette sainteté de l’Église, les Pères conciliaires précisaient qu’« elle apparaît d’une manière particulière dans la pratique des conseils qu’on a coutume d’appeler évangéliques. Cette pratique des conseils assumée sous l’impulsion de l’Esprit Saint par un grand nombre de chrétiens, soit à titre privé, soit dans une condition ou un état sanctionnés par l’Église, apporte dans le monde et doit y apporter un lumineux témoignage et un exemple de sainteté » (LG 39).

Il y a soixante ans, au moment même où s’achevait le concile qui avait rappelé cet appel universel à la sainteté, vous avez prononcé, cher Monseigneur et cher frère, vos premiers vœux de religion. Vous vous engagiez ainsi à marcher résolument sur le chemin de la sainteté, en suivant les conseils évangéliques selon la Règle de saint Benoît. Par votre profession monastique, vous avez pris au sérieux cet appel du Seigneur, qui vous a choisi dans le Christ, avant la fondation du monde, pour être saint et immaculé devant lui, dans l’amour.

Comme pour Marie, cette sanctification ne peut se faire que par une grâce provenant de la mort et de la résurrection du Christ. Mais à la différence de Marie, cette sanctification s’opère pour nous à travers les méandres de notre inconstance, de nos chutes et de nos relèvements quotidiens. C’est pourquoi nous avons besoin de redire tous les jours notre oui au plan d’amour que Dieu a pour nous. Aussi, le cœur pénétré d’action de grâce pour toutes les bénédictions dont vous avez déjà été béni et comblé tout au long de ces soixante années, vous allez maintenant renouveler votre profession monastique, afin de laisser toujours davantage le Seigneur faire rayonner dans votre vie la sainteté de son Église. Amen.

Catégories : Homélies