Homélie pour la Dédicace de la Basilique du Lateran à Rome
9 novembre 2025
En ce jour nous célébrons le 1700 anniversaire delà dédicace de la basilique du Lantrain à Rome. C’est le siège de l’évêque de Rome. Cela nous parle donc de notre foi, de cet édifice spirituel qu’est l’Eglise, Epouse du Christ. La liturgie la décrit en effet comme l’Epouse vierge et Immaculée, du Christ. D’aucun seront sans doute outrés de penser à cette réalité. Mais il ne faut pas se méprendre. Cette description demeure un mystère que l’on ne voit pas encore bien. L’Eglise est en effet composée de 100% de pécheurs, sauf « une », la Vierge-Marie, la première des rachetée comme ont déclaré plusieurs papes, le dernier étant Jean-Paul II dans « meulières dignitaires ».
Par delà cette réalité théologique, je voudrais relier cette vérité à une autre image. La dédicace d’une Église nous rappelle à chacun une autre cathédrale : notre âme. Notre âme a été consacrée lors de notre baptême. Cette consécration est bien réelle, mais là aussi il faut souvent des années pour qu’elle passe dans tout le corps, dans tous nos gestes, dans toute notre vie et dans chacun de ses instants. Il arrive que nous ayons laissé entrer divers marchands avec leurs animaux… Nous n’y avons pas toujours prêté attention, cela s’est parfois fait à notre insu tant nous vivons dans un monde paganisé où tant de réalités nous conduisent vers l’abandon de la foi, progressivement.
Or en cette fête, voici l’occasion de laisser Jésus entrer dans son Temple, dans notre âme. Voici le jour de Lui demander de venir faire lui-même le « ménage ». Voici le jour de consentir à ce divin ménage, sans peur. Le texte que nous entendons semble nous dire que Jésus a chassé les marchands à coups de fouet. Le texte syriaque que lisent nos frères chrétiens maronites, dit quelque chose de différent et peut-être de plus originel. Dans la langue syriaque en effet le « cod » se place après le relatif, contrairement en français. On ne dit pas par exemple « les hommes, qui sont arrivés », mais « ceux qui sont arrivés, les hommes ». Or le texte syriaque dit : « avec un fouet de cordes, il les chassa, leurs bœufs et leurs brebis ». Si je précise cela s’est pour que nous comprenons bien que Jésus ne vient avec un fouet pour chasser le mal de notre cœur. Il y vient avec miséricorde et compassion, et si les détachements auxquels il nous invite sont parfois douloureux, c’est simplement qu’il ne peut faire autrement. Cela vient souvent de ce que nous avons accueilli trop longtemps tel ou tel mauvaise herbe dans notre âme, l’arrosant de passions complices. Or, comme le dit le Petit Prince, si l’on y prend garde, le baobab grossit et détruit toute la planète. Tel est le risque que nous font courir nos péchés !
Réjouissons-nous donc en ce jour, et faisons mémoire de notre baptême, ce si beau jour où le Christ est venu faire de notre âme son Temple. Accueillons-le en ce jour, et présentons lui humblement notre demeure « comme elle est ». Son regard et sa tendresse nous montrerons, si nous savons nous retirer dans le silence, ces détachements auxquels il nous faut consentir. Car ce n’est que dans le silence que Dieu peut être entendu. C’est l’expérience que fit Elisée lorsqu’il entendit « le son d’une poussière de silence » comme le dit le texte hébreu. Le prophète sut que Dieu était là. Oui Dieu est là, dans notre âme depuis notre baptême, et nous y prêtons si peu d’importance parfois. Laissons-nous à Jésus, c’est le plus cadeau de reconnaissance que nous puissions lui faire, en reconnaissance pour nous avoir, chacun, sauvés !
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