Semaine 23e du Temps ordinaire – Année C-I, 2025

1 Tm 1,1-2.12-14 ; Lc 6, 39-42 – Vendredi 12 septembre 2025

L’évangile de ce jour pose un problème : sa réception semble par trop évidente ! Et quant on comprend tout de suite, c’est peut-être qu’on passe à côté de quelque chose d’important. Sans trop jouer sur les mots il est immédiatement permis de comprendre que la critique aveugle est stérile. S’occuper à critiquer ce qu’on voit, fut-on dans la vrai, n’aboutit à rien d’utile et conduit au crash. Et ce n’est même pas un bon moyen de défense puisque cela déclenche un effet boomerang.

Et pourtant, en y regardant (!!) de plus près, on remarque des choses curieuses. Il y est question d’aveugles puis d’yeux ! Comment un aveugle pourrait-il voir la paille dans l’œil de son frère ? Comment pourrait-il commencer par ôter la paille qui est dans son œil qu’il ne voit précisément pas ? Et puis au milieu de tout cela il y a aussi une phrase hyper énigmatique, comme Jésus en a souvent le secret. Vous l’avez peut-être remarquée ? La voici : « une fois bien formé, chacun sera comme son propre maître ». De quoi ça s’agit ? Faut-il comprendre que le disciple bien formé deviendra similaire à son maître, ou bien que le disciple bien formé deviendra un maître à son tour ?

Il se pourrait qu’il y ait une troisième interprétation possible. À savoir que le disciple bien formé devient son propre maître à lui-même : il comprend qu’il y a un autre chemin. Benoît dans le chapitre premier de sa Règle sur les divers types de moines, évoque en deuxième lieu les anachorètes. De ceux-ci il écrit : Bien entraînés dans les rangs des frères pour le combat singulier du désert et suffisamment assurés désormais pour se passer du secours d’autrui, ils sont capables, avec l’aide de Dieu, de combattre seuls les vices de la chair et des pensées. La particularité de cette « espèce de moines » est qu’elle ne s’autoproclame pas : elle naît d’un appel, un appel qui doit être vérifié par le temps. Ne serait-ce pas ici une clé pour comprendre ce que Jésus nous enseigne aujourd’hui ? Jésus n’est-il pas entrain de nous dire que celui qui est bien formé a d’abord bénéficié de l’enseignement de beaucoup d’autres, qu’il a expérimenté combien il est facile de se tromper et qu’il connaît bien la perversité des apparences qui sont tellement trompeuses ? Il va aussi commencer à comprendre que là où il y a poutres et pailles, plutôt que de sortir tronçonneuse et pince à épiler, il va surtout et avant tout falloir aimer d’avantage !

Comme par hasard, Paul évoque ce parcours dans la première lecture. Ce parcours qui l’a fait passer par la présomption et l’erreur, pour le conduire à l’expérience de la miséricorde et à la rencontre assidue avec Jésus. Une personne qui critique généreusement a-t-elle vraiment fait l’expérience d’être constamment pardonnées et par Dieu et par leurs frères et sœurs ? La question se peut être posée. Et puisque nous fêtons aujourd’hui le saint Nom de Marie, voici une question : à votre avis, comment Marie s’y est-elle jamais prise pour dire à quelqu’un : « laisse moi ôter la paille de ton œil » ?


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