En bref
- Ordre monastique de saint Benoît
- Fondation en 1897
- Abbaye mère : Saint-Pierre de Solesmes
- Nombre de moines aujourd'hui : 21
L'histoire de l'abbaye Sainte-Anne de Kergonan
En 1897, dix moines bénédictins venus de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes sous la conduite de dom Paulin Joumier (1854-1917) s’établissent à Kergonan sur la paroisse de Plouharnel, à proximité de Carnac dans le Morbihan. Une maison de prière, de style néoroman, se fonde ainsi sur le granit breton, et sa louange liturgique s’accorde à la houle de l’océan tout proche.
Voici quelques grandes étapes qui ont marquées l’histoire du monastère :
- En 1901, la loi sur les associations exclut les communautés religieuses et les moines trouvent refuge en Belgique. Les bâtiments de l’abbaye, confisqués par l’État, sont mis en vente, mais des amis fidèles les rachètent et les mettent à la disposition d’une école de jeunes filles.
- En 1914, la communauté de Sainte-Anne de Kergonan devient Abbaye autonome et dom Joseph Marsille est alors élu premier Abbé de Kergonan. En 1920, il conduit les moines pour rentrer d’exil et la communauté se réinstalle dans les bâtiments de Kergonan.
- Le monastère, proche du « mur de l’Atlantique », est réquisitionné en 1942 par les forces d’occupation. Les moines trouvent alors refuge à la Chartreuse d’Auray (56), puis la communauté s’installe en 1943 au château des Nétumières près de Vitré (35). En 1946, les moines rentrent de ce second exil et retrouvent des bâtiments à restaurer suite aux dommages de la guerre.
- En 1968, le troisième abbé de Kergonan, dom Marcel Blazy lance le chantier de l’église abbatiale, qui est consacrée en 1975 par Mgr Pierre-Auguste Boussard (1917-1997), alors évêque de Vannes.
Dom Laurent de Trogoff (1967 - )
Actuellement Prieur administrateur de l’abbaye
Dom Philippe Piron (1953 - )
Cinquième abbé de Kergonan
Dom Philippe Piron est né à Nantes en 1953. Après des études de commerce, il travaille pendant six ans comme inspecteur dans une compagnie d’assurance. Il entre à Kergonan en 1984. Il fait profession simple le 8 septembre 1986 et profession solennelle le 15 août 1989. Il est ordonné prêtre le 21 août 1993 par Mgr Émile Marcus, évêque de Nantes. Il reçoit des responsabilités dans les domaines de l’économat, de l’infirmerie et du chant. En 1996, il est nommé prieur claustral, charge qu’il a exercée jusqu’à son élection abbatiale, le 24 novembre 2001. Il reçoit la bénédiction abbatiale des mains de Mgr Robert Le Gall le 2 février 2002. Sa devise abbatiale, « Dilatato corde » — d’un cœur dilaté — est une expression empruntée au Prologue de la Règle de saint Benoît. Il a été Président de la Conférence monastique de France de 2004 à 2007. Il a présenté sa démission en tant qu’abbé de Kergonan au père abbé de Solesmes, qui l’a acceptée le 17 mars 2018.
Dom Robert Le Gall (1946 - )
Quatrième abbé de Kergonan
Dom Robert Le Gall est né à Saint-Hilaire du Harcouët (50) en 1946. Après son baccalauréat, il commence des études en Lettres supérieures puis entre à l’abbaye où il a fait son noviciat. Il prononce ses premiers voeux monastiques en décembre 1965 et commence des études de philosophie à l’abbaye, avant de poursuivre ses études théologiques à l’abbaye de Solesmes, puis à l’Université de Fribourg en Suisse. Dom Robert Le Gall est ordonné prêtre le 24 août 1974. En 1983, il est élu quatrième abbé de Kergonan. En 2001, il est nommé évêque de Mende (48) puis archevêque de Toulouse en 2006. Mgr Robert Le Gall a publié de nombreux articles et livres sur la liturgie et la spiritualité biblique. Il a aussi écrit un livre de dialogues avec un lama tibétain. Il est président de la Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle. À Rome, il est membre de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
Dom Marcel Blazy (1902-1994)
Troisième abbé de Kergonan
Dom Marcel Blazy naît à Mauzac en Dordogne en mai 1902. Il passe son enfance à Périgueux, puis entre à Polytechnique en 1921. À la sortie de l’école, il choisit l’artillerie. Il sera pendant trois ans lieutenant au Maroc. En 1930, il entre à l’abbaye de Solesmes et y reçoit la formation classique. De 1938 à 1940, il participe à la fondation du monastère de Las Condes à Santiago du Chili. Rappelé en France pour la guerre, il rejoint Solesmes à l’armistice de juin 1940. Il y sera hôtelier puis professeur de philosophie. Quand dom Demazure démissionne, l’abbé de Solesmes le nomme Prieur administrateur de Kergonan en juin 1962. Un an plus tard, il est élu abbé et reçoit la bénédiction abbatiale à Sainte-Anne d’Auray le 22 août 1963. Il va conduire la communauté pendant vingt années. Il opère l’adaptation liturgique de l’après-concile : adoption du missel de Paul VI et de la concélébration, tout en conservant la langue latine et le chant grégorien. Aussi, il mène le chantier de construction de l’église abbatiale, qui sera consacrée le 4 octobre 1975. En mai 1983, il donne sa démission et a la joie de voir son Prieur, dom Robert Le Gall, lui succéder. Il vivra encore douze années paisibles et sereines au monastère. Il s’endort dans le Seigneur le 18 décembre 1994, après quelques mois de maladie.
Dom Henri Demazure (1882-1974)
Deuxième abbé de Kergonan
Dom Henri Demazure est né dans les Vosges en 1882 dans une famille de maîtres de forges alliés à l’aristocratie locale. Après des études à Sciences Po, il semble avoir géré sa fortune personnelle, contribuant peut-être à la fondation d’une affaire commerciale en Roumanie. Puis il fit la grande guerre. Il rentre au monastère de Kergonan, tout juste revenu d’exil, au printemps 1921. A la fin de ses études, il est nommé adjoint du cellérier. À la mort de dom Marsille, en 1933, il est élu abbé. Il reçoit la bénédiction abbatiale le 15 janvier 1934. Il conduira la communauté à travers les aléas de la seconde guerre mondiale et de ses exils successifs de la Chartreuse d’Auray et des Nétumières. Il démissionne en 1962. Il passe alors quelques années à l’abbaye de Clervaux au Luxembourg, puis rentre à Kergonan où il sera rappelé à Dieu en 1974.
Dom Joseph Marsille (1852-1933)
Premier abbé de Kergonan
Né dans une famille de Lorient (Bretagne), Joseph Marsille devint prêtre dans le diocèse de Vannes en 1879, avant d’entrer à l’abbaye St Pierre de Solesmes la même année. il prononça ses vœux simples le 8 mai 1881, dans les mains de dom Couturier, deuxième abbé de Solesmes, puis ses vœux solennels le 8 mai 1884. Dès 1881, il secondait le maître des novices comme zélateur. Il vint à Kergonan parmi les fondateurs en 1897. De 1901 à 1906, il accompagna nos sœurs de St Michel dans leur exil en Angleterre, avant de nous rejoindre en notre exil en Belgique. Le 2 mai 1908, il fut élu prieur conventuel de notre monastère, puis élu abbé le 26 juillet 1914, quand celui-ci devint une abbaye. Il travailla efficacement pour protéger nos bâtiments pendant notre exil, et eut la joie de ramener la communauté à Kergonan en 1920. Il fut abbé jusqu’à sa mort, le 20 novembre 1933.
Les projets de rénovation
- La bibliothèque (point vert) :
Les besoins sont estimés à 4 000 m linéaires de rayonnage pour 120 000 volumes. Avec les nécessaires annexes, cela représente environ 1 000 m². Première estimation : 1 220 000 €. - Hôtellerie Saint-Placide (point jaune) :
Cette tranche de travaux permet de réaliser pour les hôtes 8 chambres supplémentaires, une bibliothèque, une salle de réunion, un oratoire et avec en plus le bureau, le parloir et la cellule du Père Hôtelier. Première estimation : 1 200 000 €. - Maison d’accueil Kerjo (point rouge) :
Cette maison d’accueil pour les personnes sans domicile fixe comportera 3 chambres et une pièce commune, soit environ 100 m².
Notre congrégation
Portrait réalisé par Claude-Ferdinand Gaillard (1834–1887), publié en 1878.
Dom Prosper Guéranger (1805-1875)
Fondateur de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes et de notre congrégation
Il naît à Sablé-sur-Sarthe le 4 avril 1805, étudie au Collège d’Angers puis entre au Séminaire du Mans. Il s’y lie d’amitié avec l’abbé Bouvier, futur évêque du Mans, commence la découverte des Pères de l’Église, s’intéresse au mennaisianisme. Tout jeune prêtre, il est choisi par son évêque comme secrétaire particulier et nommé Chanoine. Cette charge lui laisse du temps pour poursuivre de vastes lectures notamment en histoire de l’Église, liturgie, droit canonique. Hostile au jansénisme et au gallicanisme de l’ancien régime, il est favorable à une influence plus directe de Rome sur la vie de l’Église en France. De retour au Mans après avoir échappé à la révolution de juillet 1830, il devient aumônier de la Visitation. Il découvre alors la liturgie romaine qu’il commence à célébrer. Une grâce divine particulière l’initie au mystère de l’Immaculée Conception. Il prépare le projet d’une restauration de l’ordre bénédictin en France dont il attend un renouveau du culte liturgique et des études ecclésiastiques dans l’esprit ultramontain. L’ancien prieuré mauriste de Solesmes (72) est racheté en 1833 et dom Guéranger s’y installe avec quelques confrères. Très vite les vocations arrivent. En 1837, il est nommé par Rome supérieur de la nouvelle Congrégation bénédictine de France, héritière des anciennes congrégations de Cluny, de Saint-Maur et des Saints Vanne et Hydulphe. Solesmes est érigé au rang d’abbaye. Dom Guéranger en est le premier abbé. Il en fera un centre de vie spirituelle et liturgique. Sous son impulsion, les travaux de redécouverte du chant grégorien sont lancés. Plusieurs maisons monastiques sont fondées en France — Ligugé, Marseille, Acey, Paris. Une maison de moniales est établie à Solesmes : l’abbaye Sainte-Cécile, dont il confie la direction à sa fille spirituelle, Madame Cécile Bruyère. Des contacts avec les pays étrangers — Angleterre, Allemagne, Belgique, Suisse — portent au loin dans le monde bénédictin l’influence de Solesmes. Dom Guéranger étudie les sources de la liturgie et, sous son influence ardente, et parfois combative, tous les diocèses de France abandonnent les liturgies gallicanes de l’époque moderne pour revenir à l’unique missel romain. Il donne accès à la saveur spirituelle de la liturgie dans son œuvre principale : L’Année Liturgique, véritable initiation à la vie chrétienne et mystique à partir de la liturgie. Théologien cultivé et profond, dom Guéranger produit des œuvres importantes : un mémoire sur l’Immaculée Conception prépare la proclamation de ce dogme par Pie IX en 1854 ; un traité sur la Monarchie pontificale accompagne les débats du concile du Vatican. Dom Guéranger meurt à Solesmes le 30 janvier 1875.
Les monastères de notre congrégation
- Saint-Pierre de Solesmes (Sarthe)
- Sainte-Anne de Kergonan (Morbihan)
- Fontgombault (Indre)
- Ligugé (Vienne)
- Ganagobie (Haute-Provence)
- Saint-Wandrille (Seine-Maritime)
- Saint-Paul de Wisques (Pas-de-Calais)
- Sainte-Marie (Paris)
- Donezan (Ariège)
- Triors (Drôme)
- Randol (Puy-de-Dôme)
- Clervaux (Luxembourg)
- Vaals (Pays-Bas)
- Palendriai (Lituanie)
- Silos (Espagne)
- Valle de los Caídos (Espagne)
- Leyre (Espagne)
- Madrid (Espagne)
- Quarr (Angleterre)
- Saint-Benoît-du-Lac (Québec)
- Clear Creek (USA)
- Mont-des-Oliviers (Martinique)
- Keur Moussa (Sénégal)
- Séguéya (Guinée)
- Sainte-Cécile de Solesmes (Sarthe)
- Saint-Michel de Kergonan (Morbihan)
- Notre-Dame de Wisques (Pas-de-Calais)
- Sainte-Marie des Anges (Martinique)
- Saint-Jean-Baptiste de Keur Guilaye (Sénégal)
- Sainte-Cécile de Ryde (Angleterre)
- Sainte-Marie des Deux-Montagnes (Canada)
- Coeur Immaculé de Marie de Westfield (USA)
Sous l’impulsion de Dom Guéranger, les moines de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes sont partis fonder d’autres monastères. À la suite des lois anticléricales de la fin du 19ème siècle, les communautés monastiques françaises furent amenées à fonder à l’étranger. Pour cette raison, notre congrégation a pris le nom de Congrégation de Solesmes. Elle compte aujourd’hui 24 monastères de moines, et 8 monastères de moniales, réparties en Europe, en Afrique, en Amérique du Nord et aux Antilles.