{"id":3452,"date":"2020-08-18T11:57:41","date_gmt":"2020-08-18T09:57:41","guid":{"rendered":"https:\/\/www.kergonan.org\/?p=3452"},"modified":"2020-08-18T12:21:08","modified_gmt":"2020-08-18T10:21:08","slug":"lobeissance-de-la-foi-homelie-9-aout-2020","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.kergonan.org\/lobeissance-de-la-foi-homelie-9-aout-2020\/","title":{"rendered":"L’ob\u00e9issance de la foi (hom\u00e9lie 9 ao\u00fbt 2020)"},"content":{"rendered":"\t\t
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Hom\u00e9lie pour le 19e dimanche du temps ordinaire, 9 ao\u00fbt 2020<\/h2>\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t
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Lectures :\u00a0 I Rois 19, 9a.11-13a\u00a0; Romains 9, 1-5\u00a0; Mathieu 14, 22-33.\u00a0<\/p><\/blockquote>

Dans le r\u00e9cit d\u00e9licieux de la vie de saint Beno\u00eet, le pape saint Gr\u00e9goire le Grand raconte comment son disciple Maur, gr\u00e2ce \u00e0 son ob\u00e9issance prompte et sans condition, marcha sur l\u2019eau du lac pour sauver le petit Placide qui y \u00e9tait tomb\u00e9\u00a0: il le saisit par les cheveux et revint en courant\u00a0: \u00ab\u00a0Fait merveilleux et sans exemple depuis l\u2019ap\u00f4tre Pierre\u00a0\u00bb, s\u2019\u00e9crit le biographe de Beno\u00eet.<\/p>


C\u2019est en ob\u00e9issant \u00e0 la parole du Christ qui lui dit\u00a0: \u00ab\u00a0Viens\u00a0!\u00a0\u00bb que Pierre marche sur les eaux pour aller vers J\u00e9sus. Plusieurs fois, saint Paul parle de \u00ab\u00a0l\u2019ob\u00e9issance de la foi\u00a0\u00bb. Croire, c\u2019est ob\u00e9ir, c\u2019est \u00e0 dire \u00e9couter, et donner sa confiance \u00e0 celui qui parle. \u00ab\u00a0Va vers le pays que je te montrerai\u00a0\u00bb, dit Dieu \u00e0 Abraham, le p\u00e8re des croyants. Et J\u00e9sus fait l\u2019\u00e9loge du centurion romain pour sa foi, lorsque celui-ci vient de donner en exemple l\u2019ob\u00e9issance de son serviteur \u00e0 qui il dit\u00a0: \u00ab\u00a0Viens\u00a0\u00bb et il vient, \u00ab\u00a0Fais ceci\u00a0\u00bb et il le fait !\u00a0La foi est donc l\u2019\u00e9coute attentive et consentante de Dieu en qui on se confie.<\/p>


Lorsqu\u2019on sort de cette attention na\u00eet le doute. Pierre \u00ab\u00a0voyant qu\u2019il y avait du vent\u00a0\u00bb eut peur (de cette peur qui lui a fait prendre J\u00e9sus pour un fant\u00f4me). Et parce que son regard n\u2019est plus fix\u00e9 sur J\u00e9sus seul, il commence \u00e0 enfoncer. – Combien de chr\u00e9tiens engag\u00e9s dans une voie qui d\u00e9passe souvent les forces de la nature, sont entrav\u00e9s dans leur marche en avant, et enfoncent dans la m\u00e9diocrit\u00e9. Malgr\u00e9 des \u0153uvres merveilleuses op\u00e9r\u00e9es en eux ou \u00e0 travers eux par le Seigneur, la ti\u00e9deur vient s’ins\u00e9rer dans leur fid\u00e9lit\u00e9. Le p\u00e9ch\u00e9 n\u2019est-il pas, tr\u00e8s souvent, une distraction sur la route\u00a0? On se laisse arr\u00eater par les petits \u00e0-c\u00f4t\u00e9s, on cueille les fleurs des menus plaisirs qui bordent le chemin au lieu de courir au plus vite vers le but.<\/p>


Alors on perd pied, on perd la foi, dit-on\u00a0; l\u2019expression est peut-\u00eatre mal choisie. On perd l\u2019innocence, la fra\u00eecheur, l\u2019acuit\u00e9 du regard, la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9\u00a0; finalement on perd tout. Car la foi est un engagement qui consiste \u00e0 se donner soi-m\u00eame. Selon une \u00e9tymologie fantaisiste mais tr\u00e8s suggestive, le verbe latin credere signifierait cor-dare\u00a0: croire, c\u2019est donner son c\u0153ur. Dans le mariage aussi le conjoint donne \u00e0 l\u2019autre sa foi. Comment d\u00e8s lors pourrait-il la perdre\u00a0? Du moment qu’elle est donn\u00e9e, elle ne vous appartient plus. Alors, qu\u2019est-ce qu\u2019on perd\u00a0? Rien du tout\u00a0; on se reprend, ce qui est tout diff\u00e9rent. On s\u2019imagine qu\u2019on perd la foi\u00a0; en r\u00e9alit\u00e9, on est seulement en train de r\u00e9int\u00e9grer sa peau, parce qu\u2019il est trop difficile de penser comme Dieu, de s\u2019abandonner totalement \u00e0 lui.<\/p>


Pierre s\u2019enfonce, mais il ne perd pas pied tout entier\u00a0: il ne fait pas naufrage dans la joie. Il se met \u00e0 crier\u00a0: \u00ab\u00a0Seigneur, sauve-moi\u00a0!\u00a0\u00bb Il garde sa confiance dans le Seigneur. Seulement, prompt \u00e0 se donner, il est prompt aussi \u00e0 se reprendre. Il croit pouvoir atteindre J\u00e9sus par ses propres forces, et il n\u2019a pas compris que la foi est un don de Dieu. Dans sa pr\u00e9somption, il protestera suivre J\u00e9sus dans sa Passion, et il le reniera par trois fois.<\/p>


\u00ab\u00a0Homme de peu de foi\u00a0\u00bb, lui reproche J\u00e9sus. Simon n\u2019est pas encore devenu Pierre. \u00c0 C\u00e9sar\u00e9e de Philippe, il va confesser, au nom des Douze\u00a0: \u00ab\u00a0Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant\u00a0\u00bb. Et J\u00e9sus, le proclamant bienheureux, lui dira\u00a0: \u00ab\u00a0Tu es Pierre et sur cette pierre je b\u00e2tirai mon \u00c9glise\u00a0\u00bb. La foi est le roc sur lequel on s\u2019appuie. En h\u00e9breu, le verbe qui d\u00e9signe la foi \u00e9voque la solidit\u00e9, la certitude, la fermet\u00e9. \u00ab\u00a0Amen\u00a0\u00bb, oui, je crois, il en est bien ainsi. Dieu est mon rocher\u00a0!<\/p>


Le m\u00eame verbe h\u00e9breu a un autre sens\u00a0: \u00eatre port\u00e9 dans les bras, comme un enfant tenu par sa m\u00e8re. Et pr\u00e9cis\u00e9ment, J\u00e9sus tend la main \u00e0 Pierre. Je ne trouve pas de meilleure comparaison pour exprimer la foi que cette image de l\u2019enfant qui tient la main de son p\u00e8re\u00a0: comme il est petit, il ne voit pas le but du voyage, il est enfonc\u00e9 dans la nuit du chemin, mais il sait que son p\u00e8re, lui, conna\u00eet le terme de la route, et il se confie \u00e0 lui, \u00e0 cause de sa sagesse, de son exp\u00e9rience, de son autorit\u00e9.<\/p>


C\u2019est l\u2019image qu\u2019employait sainte Th\u00e9r\u00e8se de Lisieux\u00a0: \u00ab\u00a0J\u00e9sus m\u2019a prise par la main, et il m\u2019a fait entrer dans un souterrain o\u00f9 il ne fait ni froid ni chaud, o\u00f9 le soleil ne luit pas, et que la pluie ni le vent ne visitent\u00a0; un souterrain o\u00f9 je ne vois rien qu\u2019une clart\u00e9 \u00e0 demie voil\u00e9e, la clart\u00e9 que r\u00e9pandent autour d\u2019eux les yeux baiss\u00e9s de la Face de mon Fianc\u00e9\u00a0\u00bb.<\/p>


L\u2019exp\u00e9rience mystique passe par la nuit\u00a0: le proph\u00e8te \u00c9lie d\u00e9vor\u00e9 par le z\u00e8le de Dieu, en vient \u00e0 \u00eatre d\u00e9courag\u00e9 par l’idol\u00e2trie de son temps\u00a0: et il doit d\u00e9couvrir que la puissance divine n\u2019est pas celle de la violence, mais celle de l\u2019amour mis\u00e9ricordieux\u00a0: Dieu n\u2019est pas dans l\u2019orage, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans \u00ab\u00a0le murmure d\u2019une brise l\u00e9g\u00e8re\u00a0\u00bb, dans la voix d\u2019un silence t\u00e9nu (selon l\u2019h\u00e9breu), comme il \u00e9tait dans le souffle qui planait sur les eaux de la cr\u00e9ation.<\/p>


Pierre aussi a d\u00fb faire sa conversion. Dans notre r\u00e9cit, la confession de foi n\u2019a pas lieu au moment o\u00f9 J\u00e9sus manifeste sa puissance divine de cr\u00e9ateur en marchant sur les eaux, mais au moment o\u00f9, dans la barque avec les Douze, il se fait un grand calme\u00a0: \u00ab\u00a0Tu es le Fils de Dieu\u00a0\u00bb.<\/p>


Tous, nous sommes embarqu\u00e9s sur la mer agit\u00e9e de ce monde. J\u00e9sus semble souvent absent. Et c\u2019est alors que nous devons faire l\u2019exp\u00e9rience de l\u2019ob\u00e9issance de la foi\u00a0: nous devons savoir \u00e9couter la voix de J\u00e9sus, sp\u00e9cialement \u00e0 travers le successeur de Pierre\u00a0: \u00ab\u00a0Confiance, c\u2019est moi, n\u2019ayez pas peur\u00a0! \u00bb.<\/p>\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t

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fr\u00e8re Jean-Gabriel Gelineau +<\/p>\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t

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\n\t\t\tInscription aux homélies des moines (envois irréguliers) : <\/em><\/span><\/a><\/strong>
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